« Dans une tribune parue dans le Monde, vous plaidez pour atténuer la responsabilité de vos clients, en utilisant un certain nombre d’arguments douteux et malveillants.
Vous interpellez d’une façon insidieuse « ceux qui veulent à tout prix par idéologie faire de son crime (Fofana) un crime antisémite ».
Vous n’hésitez pas à accuser –nous avons compris qu’il s’agit de la communauté juive- « ceux qui instrumentalisent systématiquement et sans le moindre recul tous les faits divers à connotation éventuellement antisémite, réels ou supposés, où certains prennent le risque de raviver la braise qui ne demanderait peut-être qu’à s’éteindre ». Vous vous interrogez même sur un ton faussement moralisateur, dont nous ne sommes pas dupes « Pourquoi aviver ainsi la haine entre communautés ? Dans quel intérêt ? Ceux qui jouent ce jeu...jouent avec le feu » !
De telles déclarations sont totalement absurdes. Oubliez-vous que vos clients sont poursuivis pour complicité de meurtre et non pas en fonction de leur appartenance à une communauté ? Or vous tentez de minimiser leur haine –il s’agit bien sûr de la haine de vos clients- en la traduisant en réponse à la misère sociale et à la discrimination.
Vous n’hésitez pas encore à écrire « certains voudraient laisser croire à l’opinion que l’antisémitisme gangrène notre société, alors que ce fléau se trouve fort heureusement à un niveau historiquement bas ». Vos affirmations sont inexactes : l’antisémitisme a au contraire atteint des seuils « historiquement hauts ». Ignorez-vous que pour le seul mois de janvier 2009, l’antisémitisme en France a battu un triste record : 352 actes antisémites, chiffres reconnus par le Ministère de l’Intérieur ?
Ne vous en déplaise, c’est une réalité malheureuse, dans certaines banlieues il existe une culture exacerbée de l’antisémitisme. De votre côté, vous tentez de banaliser le mal qui se développe dans certains quartiers sous prétexte de fracture identitaire.
Vous atteignez les limites du supportable lorsque vous dénoncez ensuite « ceux qui contribuent par leurs excès, par leur communautarisme affiché, par la disproportion qui existe entre les faits et leur discours à alimenter le mal qu’ils ne cessent de dénoncer ».
Nous y voilà, c’est la faute des juifs.
On ne peut que déplorer votre aveuglement et votre mauvaise foi qui vous font jouer avec le feu d’un antisémitisme primaire.
En fait le vrai scandale de ce procès ce n’est pas la réaction des organisations juives mais la façon banale dont il s’est déroulé, malgré l’horreur du crime et le symbole qu’il représentait. »