Le mal est fait.
C’est tout le sentiment que m’inspira la lecture du mea culpa inattendu publié par le juge Goldstone dans le Washington Post vendredi dernier. Cet article fut repris et cité par la presse. Plus ou moins.
Dans sa colonne, il demandait à reconsidérer les conclusions de son rapport, commandé par la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU suite à l’opération israélienne “plomb durci” dans la bande de Gaza en hiver 2008. Israël y avait mené une opération militaire en réponse aux tirs incessants d’obus sur les villes du sud du pays depuis la prise du pouvoir a Gaza par le mouvement Hamas. Selon ce rapport, Israël y aurait commis des “crimes de guerres”, parmi d’autres crimes, délits et outrages en tous genres prétendument commis par le pays “juif”.
Aujourd’hui, Goldstone revient sur les conclusions de son propre rapport, un rapport mal ficelé, manquant de preuves, partial, unilatéral et inique.
Seulement il est trop tard. Il est trop tard car le mal est fait. La vague de haine anti-israélienne, antisémite, qui lui a succédé à déferlé avec une virulence prévisible sur une opinion publique nourrie depuis trop longtemps à la manipulation médiatique. Une fois de plus. Il ne suffisait que d’une étincelle.
Ce rapport à donné une base, aux yeux de certains presque légitime, légale, à une campagne sans précédent de délégitimation de l’Etat d’Israël, à la remise en question de son existence même en tant que nation et à une série de condamnations malheureuses.
Le mal est fait.
Le mal est fait quand un Hessel se basant sur ce même rapport abject s’indigne à son tour dans son trop fameux pamphlet, haut joyau de la bien-pensance, plaçant le conflit israélo-palestinien à la tête de ses nombreuses indignations.
Où était le juge Goldstone, et où se trouvait Hessel, quand de réels crimes de guerres et de réels crimes contre l’humanité frappaient et frappent encore des peuples et des régions pour lesquels personne ne “s’indigne”? Qu’en est-il du respect des droits de l’Homme en Syrie, en Iran et ailleurs? Qu’en est-il de ces pseudos démocraties proches et moyennes orientales qui massacrent leurs minorités chrétiennes sans que personne ne s’en “indigne”?
Ce qui m’indigne moi, c’est justement cette indignation sélective.
Le rapport Goldstone a été initié et rédigé dans le cadre de la Commission des droits de l’Hommes de l’ONU, présidée jusqu’à il y a peu par la Lybie. Et oui, la Lybie. Celle qui aujourd’hui est condamnée par les nations du monde pour crimes de guerre contre son propre peuple. Cette même Lybie était-elle essentiellement autre il y a de cela quelques mois?
Malgré les guerres incessantes qui lui ont été imposées depuis le jour de son indépendance, Israel est restée une démocratie exemplaire, un pays prospère et moderne, le seul de la région à respecter les droits de ses minorités.
Où donc êtes-vous Monsieur Hessel? Sans doute aux cotés de ceux là, de tous ceux là, qui ont souhaité voir ce petit pays se casser la gueule. Quelle déception n’est-ce pas? Pourtant ne vous êtes vous donc jamais posé la question, la simple question, de savoir ce qu’il serait advenu du Moyen Orient et à quoi il ressemblerait aujourd’hui, si les pays qui le composent avaient reconnu la naissance du petit état en 1948 et l’avaient accueilli plutôt que de lui faire la guerre? Plutôt que de propager votre propagande vicieuse dont tout le mal est de nourrir mensonges et mythes destructeurs de tout espoir de réconciliation, c’est la vérité qu’il aurait fallu crier haut et fort. Si vous voulez encourager les efforts de paix comme vous le prétendez, il aurait fallu commencer par encourager ceux qui la recherchent, ceux qui l’appellent de leurs vœux et la placent au cœur de leurs prières, et non pas ceux qui la méprisent.
Vous vous indignez de prétendus crimes de guerres commis par les juifs, et qui finalement n’en étaient pas. Apres celui de Goldstone, à quand votre mea culpa?
L’ennemi diabolique que vous dénonciez, l’idéologie exterminatrice que vous combattiez dans votre jeunesse n’a pas disparue. Elle a juste un autre visage. Vous luttiez contre elle hier, n’êtes-vous pas en train d’en devenir aujourd’hui, peut être même sans le vouloir, le porte parole?
Un beau gâchis. L’Histoire vous avait semble t-il gardé une place de choix au premier rang. Dommage que juste avant la fin de la votre vous soyez allé vous asseoir avec les cancres.
Photo : D.R.