Tribune
|
Publié le 19 Septembre 2011

Lettre ouverte du CRIF à Hael Al Fahoum, Ambassadeur et Chef de la Mission de Palestine en France

Selon le webzine d’opinion israélien JSS news, une réunion parisienne a été organisée il y a quelques jours par l’Association France Palestine Solidarité pour débattre de l’éventuelle proclamation d’un Etat de Palestine. L’ambassadeur et Chef de la Mission de Palestine en France, Hael Al Fahoum, participait à ce débat. A cette occasion, deux responsables du Comité français de Soutien Citoyen pour Gilad Shalit, Yohann Taieb et Jonathan Curiel, ont posé une question afin de rappeler à l’Autorité Palestinienne son devoir de libérer le jeune citoyen franco-israélien, otage du Hamas depuis maintenant plus de cinq ans.




Interpellé, l’ambassadeur palestinien a répondu : « Il n’y a pas de justice…On est pour la libération de tous les prisonniers politiques. Il y a a dix mille prisonniers palestiniens et il y a Gilad Shalit…On est pour libérer tout le monde. Gilad Shalit et les prisonniers palestiniens (1) ».



Cette réponse appelle plusieurs observations :



1) M. Hael Al Fahoum, vous êtes un diplomate chevronné. Vous savez que les mots ont leur importance et vous mesurez que vous devriez faire attention à ce que vous dites. Par conséquent, c’est sciemment que vous aurez fait une comparaison insidieuse entre la détention arbitraire de Gilad Shalit d’une part, et la détention de 10000 palestiniens ? d’autre part.



2) Or, le franco-israélien Gilad Shalit est détenu dans la bande de Gaza depuis cinq ans. De fait, Gilad Shalit est à ce jour l'otage français qui a fait l'objet de la détention la plus longue.



Nous vous rappelons que ce soldat a été kidnappé le 25 juin 2006 par un commando de trois groupes armés palestiniens, dont la branche militaire du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis juin 2007. Il est depuis détenu au secret, sans aucune visite de la Croix-Rouge qui a récemment demandé «la preuve» qu'il est «vivant». Du reste, le dernier signe de vie du soldat remonte à octobre 2009 dans une vidéo. La détention au secret de Gilad Shalit, depuis cinq ans, est un traitement cruel et dégradant, vous ne pouvez l'ignorer. Dans le contexte du conflit israélo-palestinien, une telle détention constitue aussi une violation des Conventions de Genève (1949) définissant le droit international (humanitaire) et notamment de la 3ème Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre.



3) De fait, il est inconcevable et particulièrement déplacé de mettre sur le même plan cette détention et le sort de détenus palestiniens, dont certains, par ailleurs, ont commis des attentats particulièrement sanglants en Israël.



4) A titre de comparaison, vous savez que pendant que Gilad Shalit était maintenu au secret, de nombreux prisonniers palestiniens faisaient des études et passaient des diplômes, tout en recevant les visites régulières de leurs familles, de leurs avocats et des instances internationales.



5) Enfin, vous vous alignez de fait sur la position intransigeante et inhumaine de l’organisation terroriste du Hamas qui refuse obstinément de libérer Gilad Shalit et exige parallèlement la libération de tous les détenus palestiniens en Israël.



Note:



Photo : D.R.