Tribune
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Publié le 17 Janvier 2007

Lorsque le nom même de l’Etat d’Israël est remplacé par celui de « régime sioniste » dans Le Monde

Il s’appelle Ali Ahani. M. Ali Ahani a pris ses fonctions d’ambassadeur d’Iran en France le 18 juillet 2006. Il avait déjà exercé ces fonctions de 1988 à 1993.


· En avril 1997, la 10e chambre de la cour d’appel de Paris avait confirmé, hier, les condamnations de deux Iraniens, Motjaba Mashady et Hossein Yadzeneta, à 7 et 3 ans de prison, prononcées le 26 septembre 1996 par la 12e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Mashady, trente-neuf ans, était accusé d’avoir « surveillé, contrôlé, repéré et fourni des renseignements » sur des opposants iraniens en France, en vue de faciliter leurs assassinats. Yadzeneta, trente-six ans, avait été considéré par le parquet comme « moins responsable », parce que « manipulé » par son coaccusé. Mashady avait admis devant le tribunal avoir été contacté par les services iraniens, mais il a affirmé n’avoir transporté qu’une fois une enveloppe. Selon un rapport de la DST, évoqué devant les juges, Mashady aurait participé à une « réunion », le 7 novembre 1989 à Orly, avec notamment Ali Ahani, ambassadeur d’Iran à Paris, et Ali Anguizi, chef du bureau d’Iran Air. Un autre participant à la réunion avait alors confié à la DST les sollicitations dont il aurait fait l’objet de la part de Mashady pour préparer des actions terroristes (L’Humanité, 26 avril 1997).
Ce doctorant en gestion de l’Université de Lille est donc un diplomate de carrière et il a exercé différentes fonctions au ministère des Affaires étrangères de son pays ou comme ambassadeur depuis l’année 1981. Précédemment il était Ambassadeur de la R.I. d'Iran au Royaume de Belgique, Grand-duché de Luxembourg et des Communautés Européennes.
* Au lendemain de la nomination d’Ahmadinejad à la présidence après un simulacre d’élections, près de soixante ambassadeurs iraniens ont été changés, mutés ou rappelés... Officiellement : Ahmadinejad aurait été excédé par les réactions trop molles de ses envoyés suite à ses déclarations hostiles à l’état d’Israël. Ahani est considéré comme un proche d’Ahmadinejab.
* Depuis qu’il est entré en fonction, le nouvel Ambassadeur n’a pas perdu de temps. Sa haine pathologique à l’égard d’Israël se déverse dans les médias. Retour sur quelques déclarations véhémentes à l’égard d’Israël
* Le 5 août 2006, le nouvel ambassadeur iranien en France, Ali Ahani, terminait un entretien au Monde en disant : « Un soutien apporté au Hezbollah ne signifie pas que les Israéliens peuvent se permettre d’agir contre la Syrie ou l’Iran. Mais si Israël veut déclencher une Troisième Guerre mondiale, voyons si les Américains les laissent faire ».
* Sur France Info, le 1er septembre 2006, l'ambassadeur a défendu son président Mahmoud Ahmadinejad, dont les multiples déclarations de provocation à l'égard de l'Etat hébreu ont ému l'opinion internationale à plusieurs reprises. « Il n'a pas dit qu'il veut rayer Israël de la carte », a-t-il affirmé, « il a dit que ce sont les politiques du régime israélien et ses attitudes agressives » qui vont « aboutir à être rayé de la carte, sauf s'ils changent », a-t-il affirmé, rappelant qu'Israël « n'a pas du tout respecté les résolutions du Conseil de sécurité », ni « les droits des Palestiniens ». Ali Ahani a cependant éludé la question de la reconnaissance d'Israël par l'Iran.
· Le 11 octobre 2006, le Dr Ali Ahani a tenu une conférence de presse à l’invitation du Club de la presse arabe (CPA) au Centre d’accueil de la presse étrangère (CAPE) à Paris. L’Ambassadeur a refusé de répondre aux questions d’un journaliste israélien, Indigné, ce dernier a quitté la salle et invité ses confrères à le suivre.
Heller l'interrogeait sur les craintes des Israéliens face au programme nucléaire iranien.
« Que pouvez-vous dire aux Israéliens qui ont peur de votre bombe atomique, qui ont peur après que votre président, M. Ahmadinejad, eut dit qu'Israël devait être rayé de la carte ? Est-ce pour cela que vous développez la bombe ? », a demandé Or Heller, du quotidien Maariv. « Si les Etats-Unis dans le futur attaquent l'Iran, enverrez-vous des missiles contre Israël ou d'autres pays dans la région ? », a encore demandé le journaliste, qui a décliné son identité et son média avant de s'adresser à l'ambassadeur.
· Enfin, Le 6 janvier 2007, Ali Ahani publie dans Le Monde une tribune particulièrement virulente, intitulée « Iran, des sanctions illogiques ». Dans cet article, l’Ambassadeur estime que « travailler à préserver la paix et la sécurité internationale et empêcher qu'elles ne soient menacées représente la responsabilité la plus importante incombant au Conseil de sécurité de l'ONU. Cependant, les prises de position et les décisions du conseil sont soumises au jugement et au regard critique des chercheurs, des analystes et de l'opinion publique mondiale, et, à cet égard, deux dossiers importants sont révélateurs : la situation au Liban et la question de la non-prolifération nucléaire. »
L’Ambassadeur estime également que dans le cas du dossier nucléaire iranien, « l’Iran est victime de la politique du deux poids deux mesures du Conseil de sécurité des Nations unies. » Il affirme que la République Islamique d’Iran ne cherche pas à se doter de l’arme nucléaire et aurait toujours respecté ses engagements en tant que signataire du Traité de Non Prolifération. Puis il se livre à une attaque en règle d’Israël.
Nous citons :
« L'offensive effroyable lancée par le régime sioniste contre le Liban, sous prétexte que deux de ses soldats ont été faits prisonniers, a fait des dégâts matériels et humains extrêmement lourds. Pourtant, il n'y avait strictement aucune proportionnalité entre ces deux actions, et de plus, depuis de nombreuses années, plusieurs milliers de citoyens innocents, libanais et palestiniens, se trouvent dans les geôles du régime sioniste et sont soumis à la torture et aux mauvais traitements. Aussi, avec le début de cette offensive, l'on aurait pu s'attendre à ce que, conformément à sa responsabilité, le Conseil de sécurité de l'ONU prenne rapidement position. Pourtant, ce fut avec un retard totalement injustifiable, et seulement une fois que le gouvernement américain eut enfin donné son accord, que le Conseil de sécurité est entré en scène pour voter une résolution. Une résolution qui d'ailleurs a été accueillie avec une totale indifférence par le régime sioniste, dont les avions de chasse continuent encore de violer l'espace aérien libanais. »
Nous citons encore :
« Intéressons-nous maintenant à la question de la non-prolifération nucléaire : à l'occasion du déplacement du premier ministre du régime sioniste à Berlin, Ehoud Olmert a déclaré qu'Israël disposait de l'arme nucléaire au même titre que la France ou la Grande Bretagne, mettant ainsi un terme à la politique d'ambiguïté nucléaire entretenue par ce régime. Contrairement aux attentes et en dépit de la responsabilité du Conseil de sécurité et de ses membres détenteurs de l'arme nucléaire, il n'y a eu aucune réaction de la part de ce conseil et de ses membres permanents. Pourquoi ? Les déclarations du premier ministre israélien ne sont-elles pas une menace explicite contre les pays de la région et la paix et la sécurité internationale ? Est-ce que l'arme nucléaire du régime sioniste, qui n'a jamais accepté de signer le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et qui refuse obstinément d'accepter toute forme de contrôle, serait au service de la paix et de la sécurité internationale, et ce serait pour cette raison que le Conseil de sécurité et les puissances nucléaires gardent le silence ? Est-ce que cette situation n'entraînera pas l'affaiblissement et surtout la perte de crédibilité du régime de la non-prolifération nucléaire, provoquant ainsi une course effrénée aux armements dans une région aussi sensible et fragile que le Moyen-Orient ? Lorsque, en 1995, le TNP a été reconduit pour une durée indéterminée, les puissances nucléaires se sont engagées à oeuvrer activement pour aboutir à une région du Moyen-Orient exempte de toute arme nucléaire et éviter la nucléarisation. Mais alors, pour quelles raisons ces pays gardent-ils le silence après les déclarations d'Ehoud Olmert ? »
Nous ne souhaitons pas commenter le propos de d’Ali Ahani, ce serait lui faire trop d’honneur. Nous relèverons seulement que c’est dans les tribunes du quotidien de référence qu’est Le Monde, que le nom même d’Israël est balayé, atomisé pour être remplacé par le jargon propagandiste qui est généralement utilisé en Iran pour parler d’Israël.
Ce propos incombe uniquement à l’Ambassadeur d’Iran. Il n’en reste pas moins que quelque chose ne tourne pas rond au Monde, puisque Le Monde a publié tel quel l’article de l’Ambassadeur d’…. de… de… De quel Etat déjà ? : Le Mollah Land ?
Marc Knobel