Un pays où près de 80% de la population est indoue, un pays qui prône le respect de toutes les religions. Les terroristes sont venus à Bombay avec la volonté de tuer, de massacrer le maximum d’innocents. Au nom d’un Islam dévoyé, ils s’en sont pris à des innocents.
Comme d’habitude, le centre juif Habad a été pris pour cible en priorité, et neuf Israéliens ont trouvé la mort, dont un jeune rabbin et son épouse. Mais aujourd’hui je voudrais rendre hommage à mon amie Loumia et son ami Mourad, morts à l’hôtel Oberoi de Bombay, sous les balles des terroristes. Loumia et Mourad, tous deux musulmans, étaient d’origine indienne, nés à Madagascar. Ils se sont installés en France, où ce couple dynamique a ensemble créé la marque de lingerie Princesse TamTam. Ils étaient un exemple d’intégration et de réussite sociale mais avant tout un exemple de tolérance, d’ouverture sur les autres. Loumia était lumineuse, drôle, aimant la vie, aimant les autres, toujours à l’écoute, toujours prête à se dévouer pour la première cause. Il y a un an, elle a vendu Princesse Tam Tam et voulait se consacrer à ses enfants et à l’humanitaire. Elle souhaitait particulièrement s’investir pour l’éducation des jeunes filles et pour le dialogue interculturel.
J’ai connu Loumia il y a un an et demi, lorsqu’avec quelques femmes, nous avons créé l’association Terrafemina. Ensemble, nous avons organisé une conférence sur « Les femmes, traits d’union de la Méditerranée ». Ensemble, nous avons réfléchi à la manière de rendre ce monde meilleur. Ensemble, nous avons ri et chanté. Depuis quelques mois, Loumia avait décidé de retrouver ses racines en Inde, ce pays qu’elle aimait tant. Elle était en quête de spiritualité et de sérénité. Il y a trois semaines, lors d’un dîner, Loumia m’a confié qu’elle avait arrêté de travailler pour s’occuper davantage de ses trois enfants de 6 ans, 8 ans et 12 ans. Elle trouvait le monde parisien trop remuant et m’avait fait lui promettre de partir avec elle en Inde, méditer une semaine dans un Ashraf.
C’est pourtant dans ce pays qu’elle aimait tant qu’elle a été rattrapée par cette haine qu’elle abhorrait et la mort qu’elle redoutait. Il y a quelques semaines, un journaliste lui a demandé ce qu’elle détestait le plus, sa réponse fut « l’injustice du sort »…
Cette injustice, elle l’a subit de plein fouet, car personne, aucun être humain ne mérite de mourir assassiné soi-disant au nom de Dieu, car soyons clairs, aucune religion n’appelle à la haine et au meurtre.
Mon cœur saigne aujourd’hui pour toutes les victimes du terrorisme, avec une pensée particulière pour Loumia, son mari, et leurs trois petits enfants qu’elle ne verra pas grandir.
Si nous devons refuser que nos cœurs s’emplissent de haine pour ne pas ressembler à ceux qui tuent sans discernement, nous devons tous nous unir, quelle que soit notre religion, pour lutter contre ces imprécateurs qui transforment des adolescents en assassins et pour que cet islamisme soit combattu par tous les moyens. Chacun d‘entre nous doit prendre ses responsabilités, doit s’interroger sur les actions que nous pouvons mener pour éviter que d’autres jeunes répondent à l’appel des sirènes de la haine et deviennent des terroristes.
En premier lieu, j’appelle les chefs d’Etat à accroître le contrôle sur les émissions de télévision prônant la haine et l’apologie du terrorisme, particulièrement auprès des jeunes enfants. Dans ce domaine, des progrès restent à faire. Je voudrais demander au Président de la République, que je sais si sensible à ce sujet, au Ministre de la Culture et au Ministre des Affaires Etrangères, de donner l’exemple en exigeant du CSA l’interdiction de la diffusion de la chaîne Al Aqsa TV en Europe, qui prône depuis plusieurs années la violence, la haine, et fait l’apologie du terrorisme chez les plus jeunes enfants, mais également un contrôle d’Internet et des manuels scolaires utilisés par les enfants dans tous les pays, et particulièrement les pays musulmans.
Mais ces mesures doivent aussi s’accompagner d’une lutte sans merci contre toutes les discriminations et formes de racismes qui peuvent engendrer des sentiments d’humiliation. Certes, cela ne suffira peut-être pas à mettre fin au terrorisme, mais commençons au moins à paver la voie par des mesures comme celles-ci.
Tout doit être fait pour une meilleure compréhension entre les religions, car l’ignorance et la méconnaissance de l’autre sont souvent le ferment de la haine et de la violence. Pourtant, rien ne ressemble plus à un enterrement musulman qu’un enterrement juif ou chrétien, et la douleur des familles est la même quelle que soit la couleur de la peau ou la religion.
Valerie Hoffenberg
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