Tribune
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Publié le 22 Décembre 2009

Mon carnet de route à Bethléem

Jeudi 17 décembre. Jérusalem, hôtel Crown Plaza, 8 heures du matin :
La salle à manger de l’hôtel est spacieuse mais il y a beaucoup trop de monde et l’accès au buffet est laborieux. 8 heures du matin, c’est l’heure ou les participants du Forum Global contre l’antisémitisme qui se tient à Jérusalem depuis la veille se retrouvent. Je suis attablé avec le Père Patrick Desbois et un diplomate français. Nous échangeons notre point de vue sur la situation actuelle et nous parlons du forum. A un moment, le diplomate demande comment on peut se rendre à Bethléem. Le Père Desbois lui répond que Bethléem est à zéro kilomètre de Jérusalem. Il suffit de commander un taxi et pour quelques 200 shekels, le taxi vous conduit à l’Eglise de la Nativité. Le lieu de culte le plus important de Bethléem (qui, en arabe, signifie “La maison du pain”) est justement cette église, édifiée par Constantin le Grand, en 335.

Voilà une idée qui me séduit, je pense que j’irai visiter ce lieu chargé d’histoire (berceau de la Chrétienté), même s’il me reste peu de temps à passer sur place. Je demande à mon voisin à quelle heure il a l’attention d’y aller. Seulement, comme l’heure ne me convient pas, j’essaye de convaincre un autre participant du Forum de m’accompagner, appelons le Mr P.

P. n’est pas très chaud, il a même quelques appréhensions.

- Et si nos passeports étaient contrôlaient par des policiers palestiniens ? J’ai entendu dire qu’à l’aéroport de Beyrouth, ce sont des policiers proches du Hezbollah qui contrôlent l’identité des visiteurs et que les coordonnées des touristes sont transmises par la suite à des agents iraniens…
- En admettant que ce soit vrai, Beyrouth, c’est Beyrouth. Ici, nous ne sommes pas à Beyrouth, lui répondis-je sur le moment.

Finalement, Mr P se laisse convaincre, peut-être à contre-cœur.

Jeudi 17 décembre, 20h30.
Les conférences viennent de se terminer, la journée a été longue, nous sommes fatigués. Nous décidons de nous rendre au Mont des Oliviers. De là, la vue est imprenable sur la vieille ville de Jérusalem. C’est un endroit magique, surtout le soir ou la nuit. Je demande au chauffeur de taxi s’il accepterait de nous conduire à Bethléem, le lendemain matin.

Il m’explique que, comme il est israélien, il n’a pas le droit d’entrer avec sa voiture en territoire palestinien, c’est trop dangereux. Il nous laissera devant le (petit) check point et c’est un chauffeur chrétien palestinien qui nous attendra et nous accompagnera à destination. Le rendez-vous est donc fixé. Il nous en coûtera 250 shekels : hôtel – Bethléem – Mur des Lamentations.

Vendredi 18 décembre, 2 heures du matin.
Il pleut à verse et j’entends le vent souffler, le bruit est infernal, la porte vitrée claque, j’essaye de la coincer, rien n’y fait. Je finis par m’endormir un peu plus tard.

Vendredi 18 décembre, 8 heures du matin.
Mr P me rapporte, lors du déjeuner, que des véhicules israéliens sont souvent caillassés à l’approche de Bethléem ou de Hébron. Je ne réponds pas. Finalement, nous montons dans notre taxi. Le chauffeur veut d’abord accompagner une personne qui a rendez-vous dans un consulat. C’est un petit détour qui n’était pas prévu au programme. Nous discutons avec cette dame, elle nous raconte une histoire abracadabrante. Elle nous explique qu’elle serait menacée et qu’elle aurait dû se réfugier à Jérusalem.

- Je suis prêt à vous donner beaucoup d’argent. Je me bats pour retrouver mes biens.
- Avez-vous un avocat ?
- Pourquoi faire ? Vous ne les connaissez pas !
- Qui donc ?
- Mr x. C’est un vrai tueur, vous savez…
- Mais enfin, comment voulez-vous vous défendre si vous ne portez pas plainte ?
- Mais, vous ne les connaissez pas… Cela ne sert à rien…

Nous en restons là, parce que la dame est arrivée à destination. P et moi-même sommes atterrés. Le chauffeur cette fois, nous amène à destination. Il aime sa ville et il nous le fait savoir. Ses explications sont claires, il suscite notre intérêt. Il nous parle également de religion, il dit respecter tout le monde.

Vendredi 17 décembre, 9h40.
Nous arrivons à une sorte de carrefour. Un autre taxi (palestinien) nous attend. Le chauffeur nous souhaite la bienvenue.

- C’est votre première visite à Bethléem ?
- Oui.
- Bienvenue.

Première surprise : il n’y a pas de contrôle, pas le moindre soldat israélien, et cela est dû à l’allégement des mesures de sécurité prises par l’armée israélienne, ces derniers temps, puisque la situation est devenue plus calme, ici. Pas de policier palestinien, non plus. Une pancarte annonce que nous passons dans un territoire contrôlé par l’autorité palestinienne. Les israéliens n’ont pas le droit d’y pénétrer.

Nous roulons et nous empruntons de petites ruelles, puis de larges avenues. La ville est belle, les maisons sont tout aussi belles. A noter que toutes les inscriptions sont en langue arabe ou en anglais. A Bethléem, rien n’est écrit en hébreu.

Nous passons devant une clairière. C’est avec ces mêmes pierres que l’on battit les maisons de Bethléem. Quelques poteaux ornent l’avenue que nous empruntons. Au fronton, des portraits du Président Mahmoud Abbas, rien d‘autre : pas d’affiches de propagande, point de slogan(s) vengeur(s) et guerrier(s). Bethléem se prépare à passer les fêtes de Noël, un point c’est tout. Il n’y a pas de place -semble-t-il- pour l’agitation et la fébrilité parce que Bethléem est le phare du tourisme, pour l’autorité palestinienne.

Vendredi 17 décembre, 9h45.
Nous discutons avec le chauffeur palestinien, nous parlons de sa ville. Je lui demande s’il est catholique et lui me demande si je le suis également. Je lui réponds que je suis de religion Juive. Il ne fait pas de commentaire. P qui est derrière moi, se tait aussi.

Vendredi 17 décembre, 9h50.
C’est sûrement le détour obligatoire. Le chauffeur arrête sa voiture devant un magasin de souvenirs. C’est le genre de truc que l’on doit faire régulièrement. Nous entrons dans le magasin, véritable caverne d’Ali Baba. Le patron du magasin nous accueille avec le sourire. On nous offre du café, on nous propose un verre d’eau. Nous discutons. Le patron parle très bien la langue française parce qu’il a étudié dans un lycée français. Il dit attendre Noël avec impatiente, car 100 à 150 000 pèlerins ou touristes se rendront dans la ville sainte. Le magasin sera donc ouvert tous les jours de la semaine, à ce moment là. Pendant qu’il me parle, j’en profite pour acheter quelques petites babioles. Je me dirige vers la caisse, j’essaye de marchander, en vain.

Vendredi 17 décembre 10h.
Nous remontons dans le taxi, la route est assez courte, nous arrivons à destination. Voici la fameuse Eglise de la Nativité, on aperçoit une petite porte, au loin, il y a un long mur, orné d’un petit drapeau arménien. Et juste à côté une place. C’est là que les pèlerins qui ne peuvent entrer dans l’Eglise, se rassemblent. Lorsque la messe de minuit est retransmise le 24 décembre à la télévision, cette place a l’air très grande. En réalité, elle est d’une taille modeste. C’est en fait un petit parking, on voit une ruelle et on devine quelle est bondée de petites échoppes, et il y a une mosquée et un grand minaret. Vers la gauche, se trouve le bureau d’information et de tourisme. Comme le lieu est encore relativement désert, nous le visitons. Il n’y a pas grand chose à voir, hormis une maquette de Bethléem et Beth Jala, une ou deux affiches sans grand intérêt et dès l’entrée, une crèche, mais celle-ci frise le ridicule.

Dès la sortie, notre guide palestinien nous attend. Nous nous dirigeons vers l’Eglise. La porte d’entrée est vraiment minuscule. Il faut se plier pour entrer à l’intérieur de l’édifice. On ne voit pas grand chose, quelques cierges au fond, et des lampes brillent. Sous le sol actuel on peut encore voir les mosaïques d'une église antérieure. L'église construite sous la direction de la mère de Constantin était octogonal de forme, typique des églises byzantines de commémoration.

Le guide poursuit son chemin, nous le précédons, les explications sont très claires. Puis, nous empruntons un petit escalier qui conduit à la grotte de la Nativité. Là, nous voyons quelques fidèles. Ils se recueillent dans la grotte où les chrétiens estiment que la Vierge Marie a donné naissance à Jésus. Sur le sol de la grotte, recouvert de marbre blanc, une étoile d’argent donné par les Français marque en effet le lieu (présumé) de sa naissance, avec cette inscription en latin «Ici, de la Vierge Marie est né Jésus-Christ». Quinze lampes en argent sont suspendues à l’étoile; elles représentent, avec des tableaux et des icônes de saints, les diverses communautés chrétiennes. Le transept sud et l’autel de la Nativité dans la grotte, appartiennent à la communauté grecque-orthodoxe. Les Latins (catholiques romains) ont un droit de propriété exclusif sur l’autel de l’Adoration des Mages à proximité de la grotte de la Nativité connue sous le nom de grotte de la Mangeoire. Ils possèdent également l’étoile d’argent située sous l’autel de la Nativité voisin et portant l’inscription, Hic de Virgine Maria Jesus Christus Natus Est.

Nous remontons. Sur le côté nord de l’édifice, les portes donnent sur l’église franciscaine (catholique romaine) de Sainte-Catherine-d’Alexandrie. La visite s’achève. Nous retrouvons alors, la sortie et nous nous dirigeons vers la voiture de notre chauffeur. Le guide nous accompagne toujours. A un moment, je vois une inscription en arabe, sur un mur.

- De quoi s’agit-il ?
- C’est une inscription qui… pour demander la création d’un Etat palestinien.
- Avec quelle frontière ?
- Du Jourdain, à la ligne verte, me répond-il gêné.

Je pense à ce moment que le guide ment. Parce qu’à côté de la dite inscription se trouve une carte d’Israël, dans sa totalité. Nous retrouvons notre taxi.

Vendredi 17 décembre, 10h45.

- Vous avez aimé cette visite, nous demande notre chauffeur ?
- Oui beaucoup. C’est très intéressant.
- C’est bien. , Vous allez souvent prier dans l’Eglise, demande P. ?
- Tous les dimanches, répond le guide. En fait, il parle de l’Eglise située sur le plus haut point de Bethléem et qui dépend de la Communauté des Chrétiens assyriens.
- A Bethléem, il y a surtout des Chrétiens ?
- Oui, on trouve une majorité de Chrétiens ici.

La voiture continue de rouler. Nous continuons de questionner notre guide.

- Vous espérez qu’il y aura la paix un jour avec les Israéliens ?
- Oui, bien sûr. Ici tout le monde veut la paix. C’est bon pour le commerce.
- Tout le monde, vous êtes sûr ?
- Oui.
- Dites moi, je voudrais savoir, comment vous vivez ou vous supportez le mur de sécurité que les Israéliens ont érigé ?
- C’est très mauvais ce mur. Il ne faut pas de mur autour de Bethléem, c’est très mal, s’emporte-t-il. Et ce n’est pas bon pour nous.
- Mais, si les Israéliens ont érigé ce mur, c’est -disent-ils- pour empêcher des incursions en Israël et que des attentats soient commis…
- Ecoutez, il n’y a pas de terrorisme ici. Vous êtes à Bethléem et pas à Gaza. Le mur c’est là qu’il doit être construit, mais pas ici. Ici, nous voulons la paix et nous sommes avec le Fatah, nous soutenons le Président Abbas.
- D’accord, mais vous voulez me dire qu’aucune incursion terroriste n’a eu lieu depuis ces villes ?
- Pourquoi vous me demandez cela ?
- Comme cela, nous dialoguons. Vous êtes contre ?
- Non cela va. Je vous le répète, ici il n’y a rien et ce mur est très mauvais. Les israéliens n’ont qu’à s’occuper du Hamas et du Hezbollah ! Tous les terroristes appartiennent au Hamas et pas au Fatah. De plus, le Hamas emprisonne et tue des membres du Fatah.
- Que voulez-vous dire ?
- Que je n’ai rien contre le fait que l’armée israélienne s’occupe du Hamas et du Hezbollah.
- Ah bon ?
- Oui, absolument.
- Parce que vous êtes chrétien ?
- Nous avons des problèmes avec eux.
- Ok, je comprends.

Le chauffeur s’arrête de parler, nous aussi. Nous sommes gênés. Mais, nous avons pu dialoguer un peu et quoique très méfiant, le chauffeur continue de nous dire ce qu’il a sur le cœur. Dont acte.

A propos de mur, nous voyons enfin un bout de ce mur. Il est là, gris, moche et très haut. Il y a également une sorte de cavité, peut-être de porte monumentale et au loin un mirador. Le guide nous propose de marcher le long du mur. Nous pensons qu’il doit le proposer à tout le monde. Ce que nous faisons donc, nous marchons. Ce coin de mur, du côté palestinien, est truffé d’inscriptions. On peut notamment lire: « Free Palestine », « Irish + Palestinians brothers in struggles (Irlandais et Palestiniens , frères de lutte) », et un peu plus loin, nous découvrons une étoile de David ornée d’une croix gammée. Nous remontons dans le taxi. La tension est perceptible. Il n’est pas facile de voir le mur.

Vendredi 17 décembre, 11H.
Le chauffeur palestinien nous laisse au rond point. Là, un autre taxi débouche. Il s’agit cette fois du frère même de notre chauffeur israélien de ce matin. Le Palestinien nous remercie, et nous lui souhaitons un joyeux Noël. Nous montons dans le taxi israélien. Le taxi nous demande nos premières impressions. Nous lui disons que la visite fut très intéressante. Mais, plutôt que de raconter ce que nous avons visité, nous lui rapportons ce que nous avons entendu. Le chauffeur rit.

- Ah bon ? Il a vraiment dit qu’il n’y avait pas eu de terroristes qui provenaient de ces villes ou de Cisjordanie ? Ils vous a dit que les terroristes viennent de Gaza, seulement ou quasi exclusivement ?
- Oui.
- Mais, ils se fichent de vous ! Regardez là…

Et là, le chauffeur israélien nous montre un lieu. Ici, il a quelques années, des combats sporadiques avaient lieu et les terroristes venaient de l’autre côté de cette ligne. Commence alors une longue description, plutôt macabre, comme une litanie des violences qui ont été commises contre des israéliens. Apparaît alors une pancarte, je lis « Tombe de Rachel ». Nous demandons à notre chauffeur de nous y rendre.

Pour y accéder, il faut prendre une route entre deux murs de plusieurs mètres de béton. L'entrée est gardée par des soldats et surveillée par des caméras vidéos. Les Palestiniens n'y ont pas accès. Cette muraille, édifiée à la suite de l'explosion de la seconde Intifada en septembre 2000, est destinée à protéger le Tombeau et les pèlerins des attaques perpétrées par des Palestiniens. Nous apprendrons qu’il y a deux ans, des Palestiniens parvenaient encore à jeter des pierres par dessus la muraille. L'armée a donc renforcé le dispositif de sécurité en construisant une nouvelle tour d'observation qui manquait à cet endroit. Ici, comme de l’autre côté du mur, rien n’est simple. La tension est palpable, même si en apparence, tout à l’air tranquille.

A l’intérieur du bâtiment, l'atmosphère est pesante. Les gens se pressent, murmurent des prières, récitent des psaumes, ou bien effleurent du bout des doigts le tissu blanc aux broderies dorées recouvrant le Tombeau de Rachel.

Nous remontons vers notre taxi. Direction le Mur Occidental. Tout au long de la route, le chauffeur ne cesse de nous conter ce qui s’est passé : les tirs, les balles, les cocktails Molotov, les gens tués.

Vendredi 17 décembre 13h.
Nous partons en direction de l’aéroport Ben Gurion. J’interroge le chauffeur.

- Vous croyez en la paix ?
- Oui, mais quelle paix ?
- Eh bien, la paix avec les Palestiniens, pardi.
- Ils ne savent pas ce qu’est la paix.
- Que voulez vous dire ?
- Ils sont dans des revendications constantes, ils ne fixent aucune limite, ils veulent détruire Israël.
- Même les modérés ?
- Je ne sais pas. Je ne crois pas. Ce qu’ils veulent, c’est prendre tout Israël. C’est cela qu’ils veulent.
- Et vous pensez que tous les Palestiniens sont comme cela ?
- Je crois que le peuple palestinien est d’accord pour la paix, mais que leurs dirigeants ne le souhaitent pas.
- Et avec les Etats arabes ?
- Il n’y a pas de paix, ce n’est pas la paix cela !
- Je comprends ce que vous voulez dire, mais vous préfériez la guerre ? Vous devriez vous rappeler que, sous Nasser, des milliers d’égyptiens manifestaient dans les rues en scandant « Egorgez-les ! », « Egorgez-les ! »…
- Non bien sûr, mais la soi-disant paix que nous avons aujourd’hui, ce n’est pas cela la paix. La paix, c’est quand il y aura autant d’égyptiens qui viendront visiter Israël que d’Israéliens visitent actuellement l’Egypte. Et, pareil pour les Jordaniens. Ils ont toujours une méfiance envers nous, alors que nous avons signé la paix.
- Pourtant Sadate qui a voulu cette paix a été tué...
- Oui, justement. Vous voyez bien !
- Mais Rabin a perdu aussi la vie, non ? N’a-t-il pas été assassiné, lui aussi ?
- Si. Mais, il voulait tout donner aux Arabes. Moi, je ne suis pas comme cela. Rabin n’aurait pas dû être assassiné. Mais il rendait fou des gens.
- Il voulait tout donner?
- Presque tout.
- Dîtes moi, et si demain un Premier ministre israélien voulait faire des concessions et échanger des territoires contre la paix… vous seriez d’accord ?
- Si on divise Jérusalem, ce sera la guerre !
- La guerre !
- Avec qui ?
- Entre Juifs ?
- Vous le croyez vraiment ?
- Oui.

Vendredi 17 décembre, 14 heures.
Le taxi approche de l’aéroport. Bientôt je quitterai Israël. J’ai beaucoup de souvenirs en tête. Et ce voyage, ces impressions, ces moments me permettent d’entrevoir à quel point la situation est grave et tendue et que le chemin est encore long vers la paix. Avant que le taxi ne me quitte, je tiens à lui dire la chose suivante.

- Vous savez, je comprends que ce que vous vivez est très difficile. Je pense aussi que pour les uns et les autres, il manque la confiance. Il y a des ressentiments, de la haine, de l’incompréhension. Pourtant, je veux croire qu’un jour les armes se tairont définitivement dans cette région du monde.
- Vous pouvez croire ce que vous voulez.
- Vous savez, en vous disant cela je pense aussi à vos trois enfants.
- Oui, c’est vrai. Mais, moi aussi j’ai fait la guerre. J’ai été un parachutiste.
- Ok. Mais, réfléchissez bien. S’il devait y avoir la paix un jour en cette Terre, vous gagnerez, vous et vos enfants…
- Peut-être, mais pas à n’importe quel prix, me dit-il en me coupant la parole.
- Certes.

Mon voyage se termine, je ressens que comprendre cette terre, c’est comprendre les hommes qui l’habitent. Avant de me quitter, Mr P. me dit qu’il ne regrette pas de m’avoir accompagné en dépit de ses appréhensions du début. Au loin, je vois un avion d’El Al qui décolle. Je quitte mon chauffeur. Je me dirige vers l’aéroport et dans quelles heures, je serai à Paris. Je me retourne une dernière fois et déjà, je sens qu’Israël me manque déjà…



Marc Knobel