Tribune
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Publié le 30 Avril 2009

Monsieur Mazen, avez-vous oublié que la résolution de l’ONU de 1947 parlait d’un Etat juif ?

Le premier ministre israélien Binyamin Netanyahou a déclaré que les Palestiniens devraient reconnaître Israël en tant qu’État juif. Ce n’est pas, a-t-il précisé, une condition préalable à l’ouverture de négociations israélo-palestiniennes, mais sans cette reconnaissance il n’y aura pas d’accord de paix entre les deux parties. Pas question d’une telle reconnaissance, rétorque le président palestinien Mahmoud Abbas. Israël peut se définir lui-même comme il le désire, dit-il, mais les Palestiniens ne le reconnaîtront pas comme État juif.




Il faut dire qu’en Israël même des voix se sont élevées pour critiquer la position du premier ministre. Pourquoi «État juif» et non pas «État de tous ses citoyens», déclarent les uns, ignorant ou feignant d’ignorer que les deux conceptions ne sont pas nécessairement contradictoires. D’autres affirment plus simplement que l’identité juive d’Israël est une question interne, qui ne doit pas figurer à l’ordre du jour d’une négociation internationale.

Mais c’est oublier un peu vite que la résolution des Nations unies sur le partage de la Palestine – cette résolution du 29 novembre 1947 qui est le fondement en droit international de l’État d’Israël et qui est rappelée d’ailleurs dans sa déclaration d’indépendance – parle très précisément d’un «État juif». Tenter de faire passer à la trappe cette définition, c’est remettre en cause la légitimité même de l’État d’Israël tel qu’il a été créé sous les auspices de la communauté internationale.

De ce point de vue, ce n’est pas l’exigence de Binyamin Netanyahou qui doit nous interpeller mais plutôt l’obstination de Mahmoud Abbas. Comme si les mots «État juif» étaient plus difficiles à prononcer que les mots «État d’Israël». Comme si la reconnaissance des Juifs en tant qu’acteurs de l’histoire à part entière posait un problème à la collectivité palestinienne. Comme si, quelque part, demeurait la nostalgie (ou le rêve) d’une situation où le Juif est ramené à sa condition de minorité, soumise au bon vouloir de la majorité arabo-musulmane.

Si tel est le cas, ce serait une raison supplémentaire d’insister pour la reconnaissance d’Israël en tant qu’État juif. Car la paix ne peut se faire dans le déni. Et plus on souhaite la paix, plus on doit combattre le déni.

Meir Waintrater