Il y a quelques jours se déroulait le traditionnel diner du CRIF. Ce rendez vous annuel s’est transformé au fil des années. Initialement prévu pour être un moment d’échange entre le chef du gouvernement et la communauté, il est devenu avec le temps, et surtout par sa retransmission intégrale à la télévision, une tribune où les deux intervenants s’adressent à tous les Français devant les représentants politiques, diplomatiques et communautaires.
Cette médiatisation a fait de ce diner, non plus un lieu d’échange, mais bien une occasion d’envoyer certains messages.
Dans son intervention, le président du CRIF a rappelé, sans concession, les préoccupations de la communauté juive, son attachement à Israël et sa fidélité à la nation française.
Cette année le président Nicolas Sarkozy, invité pour la deuxième fois à ce diner a utilisé avec brio cette tribune pour s’adresser à la population française.
Ainsi, réaffirmant son amitié pour Israël et son attachement à la communauté juive, il a envoyé un message que nous nous devons d’analyser.
Avec force, il nous a parlé de son intransigeance face à l’antisémitisme.
Avec conviction, il a rappelé son aspiration à voir Gilad Shalit libéré.
Avec fermeté, il a condamné un Iran nucléarisé.
Avec passion, il nous a parlé de" l’espoir qu’il a face à ce printemps des peuples qui, de Tunis au Caire, aspirent à la liberté , tout en restant prudent quant aux étapes à venir et espérant voir la démocratie triompher mais en n’excluant pas les risques de dérives brutales ou totalitaires" !
Le chef de l'Etat a rappelé le devoir des nations et donc de la France d’aider ces mouvements mais de ne surtout pas s’ingérer !!!
L’ingérence ! Un mot tellement fort et avec tant de significations !
Surtout, lorsque quelques phrases plus loin, le président Sarkozy, en ami fidèle, ce que personne ne peut contester, a rappelé son désir de voir Israël enfin en paix avec ses voisins.
C’est alors qu’il a déclaré, je cite : « La meilleure sécurité pour Israël est l’existence à ses côtés d’un état palestinien démocratique, viable et souverain »; Il a appelé « Israël à reprendre les pourparlers », plaidé : « pour une reprise des discussions entre la Syrie et Israël ». Et d’ajouter : « quelle transformation stratégique pour Israël si une normalisation avec la Syrie était accompagnée d’une restitution du Golan » !!!
Monsieur le président de la République, je sais combien votre aspiration à la paix pour Israël est sincère mais ne pensez-vous pas que là, il y a ingérence ?
Ne pensez-vous pas que le" printemps des peuples" devrait d’abord souffler sur Gaza, Beyrouth, Téhéran et Damas avant de voir Israël avancer vers des négociations de paix que chaque Israélien appelle de ses vœux tant il n’en peut plus d’entendre le bruit des menaces et des armes.
Monsieur le président de la République, en Israël, et vous le savez bien, la grande majorité du peuple et des hommes politiques est prête, aujourd'hui comme hier, à saisir la moindre main tendue sans autre condition préalable que la reconnaissance mutuelle. Même avec le régime dictatorial de Syrie.
Monsieur le président de la République, merci de votre présence et de votre amitié.
Mais je me souviens de votre discours d’il y a deux ans au cours duquel vous aviez parlé de la division de Jérusalem.
L'autre soir, vous nous avez parlé de la restitution du Golan.
J’espère que l’année prochaine vous pourrez nous annoncer que les voisins d’Israël sont prêts à faire le pas vers sa reconnaissance dans des frontières qui lui assureront une sécurité qui ne dépend que de lui-même.
Mais permettez-moi de douter des garanties internationales.
Monsieur le Président de la République, vous êtes un ami, restez-le et restez vigilant. Nous, nous le resterons pour l’amour de la France et d’Israël.
Photo : D.R.