Transcription de la « semaine mythomane » de Nicolas Bedos, extraits :
« Mercredi, je vais voir le film "elle s'appelait Sarah" ènième guimauve utilisant jusqu'à la lie le souvenir de la Shoah afin de renflouer les caisses lacrymales du cinéma français. Après "la rafle", fable extra-lucide qui nous montrait avec audace que le petit juif était plus émouvant que l'officier nazi (ce qui m'a surpris), "la rafle" qui surfait sans complexe sur le devoir de mémoire, qui dispensait le cinéaste de faire preuve du moindre talent, et se permet de se hisser vers le million d'entrées en raflant les petits écoliers d'aujourd'hui, (rires dans la salle et applaudissements), en les parquant de force dans des salles de cinéma pédagogique ! Pauvres petites têtes blondes et brunes, obligées de chialer devant de mauvais films !
Du coup je décide de reprendre mes vieilles pièces, en rajoutant des kipah et des uniformes SS à tous mes personnages, selon les goûts vestimentaires des acteurs principaux. C’est ainsi qu’Adolf Hitler se retrouvera bientôt impliqué dans le braquage d’une bijouterie de Quimper. C’est ainsi qu’une pièce futuriste se situant sur la lune décrira ainsi d’une façon folle l’union d’Anne Franck et 2 jeunes cosmonautes - sorte de Jules et Jim Yiddish, parfumée à la guerre des étoiles- la lune symbolisant bien sûr l’eldorado d’un peuple élu et persécuté. …
Jeudi, je fais un nouveau rêve : celui où je pourrais dégueuler sur Netanyahou et la politique menée par l'état d'Israël, sans que personne, personne, ne me traite d'antisémite ou d'antisémite refoulé, de demi-antisémite, ou de quart-antisémite, ... (applaudissement mesuré de quelque uns dans le public), ou d'antisémite inconscient qui, au fond de lui n'ose le dire, mais qui inconsciemment rêve de voir pendu Patrick Bruel, Elsa Zilberstein, Primo Lévi, Pierre Bénichou, et ce qu'il reste dans le même sac d’Ariel Sharon, blanche kippa et kippa blanche ; moi qui suis tellement con, que je n'ai pas saisi cette notion très subtile devant laquelle s'indigner devant cette politique honteuse, c'est vouloir du mal à tous les juifs de la planète. (Un applaudissement tiédasse sur le plateau). »
C'est cool non? Du beau, du bon, du gros, de l'humour vache, saignant, juteux et au vitriol, comme on l'aime (un peu) sur les plateaux de TV. Même Alain Finkielkraut qui était présent, n'a rien dit; juste un petit sourire gêné, en baissant la tête (parce que c'est du deuxième degré?) Quant à Olivier Giesberg, on l’entend à un moment dire : « C’est bon, mais c’est dur ».
Je trouve particulièrement étonnant que, dans une émission culturelle, Olivier Giesberg trouve ce « sketch » -pourtant très dieudonnesque- particulièrement « bon ». Par ailleurs, il est déconcertant que, dans une chaîne du service public, Nicolas Bedos puisse se lâcher ainsi en désignant à la vindicte populaire quatre personnes, assortis de commentaires soulignant leur ascendance juive réelle ou supposée : Patrick Bruel, Elsa Zilberstein, Primo Lévi, Pierre Bénichou.
Alors, Nicolas Bedos, je crève d’envie de dire comme cela que tu es un petit bouffon de fin de semaine, qui a sûrement besoin de se faire un prénom. C'est vrai, après tout, il ne doit pas être très facile de s'appeler Bedos et... de n'avoir aucun talent.
C'est tout simplement minable…
Photo : D.R.