Les images de la mort de la petite Hadas, 4 mois, ne feront pas le tour du monde. C’est vrai que pour entrer dans le tourbillon médiatique, il vaut mieux choisir la date de son assassinat.
On ne peut pas reprocher aux média du monde entier d’avoir traité avant tout du Japon. On reste tétanisé devant les images qui nous viennent de là-bas. Ces images d’apocalypse éclipsent tous les autres drames de la terre, cependant d’autres horreurs, celles-là commises délibérément par des êtres humains contre d’autres êtres humains devraient frapper tout aussi violemment notre sensibilité autant que notre imaginaire.
Comment ne pas être horrifié devant les images cette petite fille de 3 mois poignardée et saignée comme un mouton ? Comment ne pas s’indigner devant son frère de 4 ans baignant dans son sang, et de Yoav 11 ans, encore endormi dans son lit, le corps lacéré de coups de couteau ? Comment ne pas s’indigner du silence total des médias français sur le quintuple meurtre commis en Israël durant ce week-end du 12 et 13 Mars. Certes, il y avait le Japon. Certes, il y avait bombardements de Kadhafi. Certes, il y avait Strauss Khan et son steak sur Canal plus.
Bien sûr, il y eut quelques brèves ici et là, quelques dépêches qui signalaient que 5 colons israéliens avaient été tués et que leur statut de colon faisait d’eux des coupables, responsables d’un châtiment justifié.
L'abjection de ce crime, la monstruosité du geste criminel, le sang froid et l’exaltation du porteur de couteau brandi au-dessus d'un bébé dans son berceau, mettent en pleine lumière les valeurs de la "résistance" palestinienne. On devrait simultanément s’interroger sur la légitimité de son "nationalisme" et de sa « Résistance » à « l’oppression sioniste ». D'autant que ce type de crime, frappé de la même barbarie, a déjà été commis par les mêmes, au même endroit et ailleurs en Israël.
Rappelons-nous Shalevet Pass, 6 mois, assassinée dans les bras de sa mère d’une balle en pleine tête le 26 Mars 2001 par un sniper utilisant un fusil à lunette et qui pour atteindre sa cible a dû posément viser à travers sa lunette le front de l’enfant. Rappelons encore, les assassinats commis par Samir Kuntar le 22 Avril 1979, contre une famille de Naharia, tuant de sang froid Danny Haran (le père) sur la plage d'une balle dans la tempe, puis fracassant ensuite la tête d’Einat (la petite fille) sur les rochers de la plage à l'aide de la crosse de son fusil. Libéré par Israël en échange des dépouilles des soldats israéliens kidnappés au Liban, Kuntar fut accueilli en héros au Liban. La qualité du crime, la méthode, les gestes, disent bien que la fin était dans les moyens. L’égorgement a valeur de rite symbolique pour ceux qui avaient déjà tranché la tête de Daniel Pearl en 2002. On devrait s’interroger sur le projet des tueurs. Luttent-ils pour la liberté ? Luttent-ils pour la dignité du peuple palestinien en tranchant la gorge d’un bébé endormi ?
Tous ceux qui ont pu visionner les photos de l'attaque ont été profondément choqués, et ceci pour deux raisons principales. Tout d'abord parce que ces images donnent à voir une réalité crue que certains refusent de voir. D’autre part, parce qu’Israël s'est toujours refusé à diffuser les images de cadavres, contrairement aux médias arabes qui savent parfaitement utiliser ce type de communication.
Mais face au peu de couverture médiatique qu'ont accordé les médias occidentaux à la tragédie, Israël a décidé de réagir et de publier les clichés de l'horreur. Yuli Edelstein, ministre israélien de la Diaspora et de l'Information, a approuvé la publication et la distribution des images du massacre d'Itamar, après avoir reçu le consentement des familles des victimes. Conformément à la demande des proches, les visages des morts ont été floués. « Seules ces images horribles pourront montrer au monde à quoi et à qui doit faire face l'Etat d'Israël ! » a déclaré le ministre.
Ceux qui vivent le conflit sur place et non dans son imaginaire, ont bien pris la mesure de la barbarie du geste. Ainsi, Ahmed Tibi, député arabe Israélien, s’est indigné à la tribune de la Knesset, où il a vivement condamné l’attentat. En prononçant un à un, les noms des cinq victimes, il a qualifié cet acte de massacre. Et il a posé la question : «Qu’a pensé ce criminel lorsqu’il a regardé dans les yeux la fillette de trois ans ? Qu’il commet cet acte au nom de la religion ? L’islam interdit ces actes ! », a-t-il conclu.
L’Autorité Palestinienne présentée comme "modérée" n’a pas cessé de promouvoir l’éducation à la haine de sa jeunesse et ceci depuis le plus jeune âge, à l’égard des voisins juifs. Les hommages aux figures les plus féroces de la tradition terroriste locale servent de modèle éducatif. L'Autorité palestinienne inaugure des squares au nom de Dalal Mughrabi (38 morts dont 12 enfants) et vient de donner le nom de Wafa Idriss (première femme kamikaze) à un tournoi de football.
En France, l’indignation sélective a eu ses succès en librairie et on s’interroge sur l’absence de réaction de toutes ses figures morales devant le crime commis à Itamar. Sauf à considérer qu’un bébé juif n’a pas le droit de vivre fut-il « colon ». Ceux qui veulent le boycott d’Israël, ceux qui dénoncent « l’apartheid israélien » devraient y réfléchir à deux fois, les égorgeurs islamistes sont ravis de leur ingénuité, ravis de se faire passer pour d’innocentes brebis.
« Qui tue qui ? » cette merveilleuse question récurrente de la pensée progressiste a déjà été formulée quand les GIA égorgeaient des villages entiers en Algérie. Qui tue qui actuellement dans le monde arabe ? Qui opprimait qui en Tunisie, en Egypte ? Qui tire sur le peuple en Libye ? Qui fait régner la terreur en Syrie, en Iran ? Qui colonise le Liban ? L’ « entité sioniste » ?
Tant que démocraties ne verront pas, chez elles, que les promoteurs de la haine contre la démocratie israélienne, sont des menaces contre elles-mêmes, la barbarie ne reculera pas. Chacun devra avoir conscience que cette horreur n'est pas figée, qu'elle voyage, et qu'elle pourrait bien frapper à nos portes demain. Ce qui menace Israël nous menace.
Jacques Tarnero et Philippe Bensoussan, auteur et réalisateur du film « Décryptage »
Photo : D.R.