En demandant à l'Iran de reprendre les négociations sur son programme nucléaire, les Occidentaux l'ont toujours sommé de suspendre préalablement l'enrichissement d'uranium. Or, lors de la visite qu'il vient d'effectuer ce week-end à Téhéran, le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, a soumis à ses interlocuteurs iraniens une autre proposition, beaucoup plus discrète, qui consiste à ouvrir une fenêtre de discussion sans contrainte, cette fois-ci, de suspension des activités nucléaires. Cette offre dite de «Freeze for Freeze», qui vient d'être dévoilée au Figaro par des diplomates occidentaux, propose une période initiale de six semaines de reprise de pourparlers au cours desquels Téhéran n'interromprait pas ses activités en cours, tout en s'engageant à ne pas faire fonctionner de nouvelles centrifugeuses. En retour, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ainsi que l'Allemagne, s'engageraient à ne pas imposer de nouvelles sanctions à l'Iran. «L'idée est la suivante : les Iraniens s'arrêtent là où ils en sont. Et nous aussi. Autrement dit, on ne suspend pas les sanctions en cours, mais on leur garantit de ne pas les renforcer pendant cette période», confie une source diplomatique occidentale. Cette période de prénégociation, acceptée par Washington, vise à s'entendre sur les paramètres des négociations. Elle pourrait, en cas de réussite, déboucher sur une seconde période, cette fois-ci de six mois, pendant laquelle Téhéran suspendrait ses activités, quoique de manière non définitive (…) Le déplacement du haut représentant européen pour la politique étrangère à Téhéran visait, avant tout, à présenter un nouveau paquet de «mesures incitatives», dans l'espoir d'une suspension de l'enrichissement. «Solana a profité de son voyage pour évoquer une formule imaginative pour créer la confiance dans le cadre de la préparation de négociations formelles», a confirmé hier, par téléphone, Cristina Gallach, sa porte-parole, en préférant ne pas donner plus de détails. L'idée, soumise à Saïd Jalili, le négociateur iranien, n'est pas complètement nouvelle. «L'année dernière, Solana avait déjà sondé Ali Larijani, le prédécesseur de Jalili, sur des mesures créatives permettant de démarrer une période de prénégociation», précise Cristina Gallach. Pour l'heure, Jalili aurait laissé entendre qu'il allait réfléchir. Fidèles à leur stratégie de la carotte et du bâton, les Européens n'excluent pas, en cas d'échec, le renforcement des sanctions. «Elles restent à l'ordre du jour, notamment celles visant la banque Melli, mais nous allons attendre un petit peu», remarque Cristina Gallach.