Tribune
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Publié le 3 Janvier 2006

Polémique Klarsfeld : René Rémond et les « solidarités communautaires »

Nicolas Sarkozy, a chargé Arno Klarsfled d’une mission de « réflexion » ayant pour objectif d’apaiser la polémique suscitée par le vote d’une loi sur les effets de la colonisation.


Cette nomination a provoqué une levée de bouclier en raison – semble-t-il - de la personnalité hors norme d’Arno Klarsfeld : Le jeune avocat aime autant les prétoires que le showbiz. Il mène sa carrière de manière inattendue. Il y a trois ans, il est parti effectuer son service militaire en Israël. Ses amis et ses supporters le trouvent courageux et brillant. Ses détracteurs lui reprochent son dilettantisme, son manque de rigueur. Le personnage en tous cas ne laisse pas indifférent.
A-t-on le droit de critiquer la nomination d’Arno Klarsfeld ? Oui, bien sûr. Il n’est ni le premier, ni le dernier à se retrouver à la tête d’une commission de réflexion qui avec les « comités Théodule » constituent l’une des activités favorites des intellectuels et des hommes politiques français.
Parmi les critiques formulées contre Arno Klarsfeld, est-il besoin de relever celles venant du MRAP dont on connaît l’obsession anti-israélienne ? Je pense que cela n’en vaut même pas la peine.
Plus préoccupantes en revanche sont les déclarations de l’historien René Rémond qui sur France Info s’est étonné de la nomination d’Arno Klarsfeld. « Je suis favorable à cette mission de réflexion» a expliqué l’historien mais: « il fallait nommer quelqu’un qui soit détaché de toute solidarité communautaire ».
Qu’en termes fort bien choisis ces choses là sont dites. René Rémond est académicien. Il sait utiliser la langue française pour exprimer avec élégance des idées assez détestables.
Cette mise en cause des « solidarités communautaires » ne manque pas de surprendre de la part de René Rémond. Rappelons que l’historien fut lui-même avant guerre et pendant l’occupation un militant catholique actifet responsable de plusieurs associations chrétiennes. En 1989 René Rémond fut nommé par Mgr de Courtray à la tête de la commission d’historiens chargée d’enquêter sur la responsabilité de l’Eglise dans la cavale du milicien Paul Touvier.
Les conclusions de cette commission furent très modérées. La hiérarchie catholique très satisfaite.
Et personne à l’époque ne songea ni à mettre en cause l’impartialité de René Rémond ni à le suspecter de la moindre solidarité communautaire.
Clément Weill-Raynal