Tribune
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Publié le 8 Avril 2005

Pour les Juifs de France, Jean-Paul II fut un Pape d’amour

Le Pape vient de nous quitter. Jusqu’à son dernier souffle, Jean-Paul II a voulu rester auprès des siens et de tous les hommes de bonne volonté pour délivrer un message de paix, de fraternité et d’amour. L’homme fut, tout au long de sa vie et plus généralement lors de son pontificat Homme de bien, personnellement dévoué et particulièrement consacré au bien de l’Humanité.



Nous pouvons ici même proclamer que les Juifs ont aimé ce Pape au point que la presse israélienne a titré le lundi 5 avril 2005 que le « Pape des Juifs » s’en était allé. Ce titre eut été impensable et inimaginable en d’autres temps et sous d’autres cieux.

La disparition du Pape Jean-Paul II plonge les Juifs de France dans une immense et profonde tristesse. Pour eux, le Pape faisait preuve d’une grande persévérance et d’un indéniable courage, d’élans de bonté et de générosité. Les micros trottoirs qui ont été réalisés le lendemain où le surlendemain de son décès par des radios périphériques, dans les quartiers Juifs de la capitale, l’atteste. Les juifs font part de leur chagrin, de leur peine, de leur meurtrissure. Ils évoquent les prières qui furent adressées par Jean-Paul II lorsqu’il toucha le dimanche 26 mars 2000 le mur des Lamentations, le Saint des Saints du judaïsme. Jean-Paul II, voûté, appuyé sur sa canne, avait glissé dans un petit interstice de pierre un papier blanc, comme le font les Juifs du monde entier qui souffrent, pleurent, implorent, vivent et espèrent. La rue juive y voyait un signe fort, d’une puissance symbolique gigantesque.

Le plus spectaculaire de ces gestes fut la visite de Jean-Paul II à la synagogue de Rome, le 13 avril 1986. Combien d’entre nous ont retenu leur souffle lorsque Jean-Paul II lança « Vous êtes nos frères aînés et, en un sens nos frères préférés. » Lequel d’entre nous oubliera un si merveilleux geste, une si grande reconnaissance et tel fort message d’amour ?

Nul autre Pape -mis à part le regretté Jean XXIII- ne fut autant reconnu par les Juifs, ne fut autant aimé par le Peuple Juif. Aussi n’est-il pas faux de dire que la disparition de Jean-Paul II plonge mes coreligionnaires dans une tristesse et une béance sans nom.

Mais, il nous reste le principal. Nous avons en face de nous un chemin tout tracé. Il sera conjointement arpenté par les Chrétiens et les Juifs en une reconnaissance mutuelle, dans un esprit de fraternité et d’amitié. L’Eglise de France à qui nous rendons hommage, et le CRIF, arpenteront. Tout le monde doit espérer du dialogue.

Alors, en ces jours de deuil, les Juifs de France émettent le vœu que Jean-Paul II repose en paix, mais que sa Lumière de bonté et de tolérance éclaire les relations judéo-chrétiennes d’une grande sérénité.

Marc Knobel