Tribune
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Publié le 8 Septembre 2009

Qui porte les pantalons au Soudan ?

La journaliste soudanaise Loubna Ahmed al-Hussein a été condamnée à Khartoum, au Soudan, lundi 7 septembre 2009, à une amende de 200 dollars pour le port jugé «indécent» d'un pantalon, sans écoper des 40 coups de fouet prévus par une loi que la journaliste et ses soutiens espéraient faire abolir. Avec courage et détermination, Loubna Hussein mène un combat contre l'article 152 du code pénal soudanais de 1991, entré en vigueur deux ans après le coup d'Etat de l'actuel tyran, le président Omar el-Béchir. Cet article prévoit une peine maximale de 40 coups de fouet pour quiconque «commet un acte indécent, un acte qui viole la moralité publique ou porte des vêtements indécents».




Nous devons exprimer à Loubna notre admiration. Elle brave l’autorité, elle brave l’iniquité et elle se bat avec justesse pour la liberté. Celle des femmes, martyrisées, emprisonnées, écrasées, ravagées dans un pays ensanglanté et meurtri. Il faut constamment rappeler que la guerre civile au Soudan a déplacé 4 millions d’habitants au Sud et fait 2 millions de morts. Il faut constamment rappeler que ce pays est totalement exsangue, que des générations entières ont été sacrifiées.



L’indécence au Soudan, ce n’est pas le port par une femme d’un pantalon, qu’il soit long ou court, l’indécence c’est de voir Omar el-Béchir parader et échapper au Tribunal Pénal International. L’indécence, c’est de voir qu’au Soudan les despotes et les islamistes continuent d’ensanglanter ce pays, de l’écorcher et de tuer inlassablement et inpunément.


Marc Knobel
Photo : D.R.