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Europe 1: Vous êtes le président du CRIF, Conseil représentatif des institutions juives de France, alors d’abord tout simplement, quelle est votre réaction à ce nouvel acte antisémite ?
RC: Ecoutez, je ne peux pas ne pas penser aux juges qui ont traité récemment des affaires antisémites. L’affaire du collège Montaigne, les affaires Dieudonné, l’affaire de madame Tawill, de Djébali, de Daniel Mermet, qui on créé un véritable sentiment d’impunité par des relaxes systématiques. Et ce laxisme permet aux antisémites, aux voyous de tous bords de s’exprimer librement, aussi bien en paroles qu’en actes. Alors pourquoi se priver quand on ne risque rien. Et donc, on peut s’attaquer lâchement à un club du troisième, âge, restaurant du cœur, et poursuivre une action antisémite que est insupportable pour le citoyen français de confession juive.
Europe 1: Comme d’autres représentants, vous dites il faut maintenant réagir concrètement, vous lancez un appel aux autorités de ce pays ?
RC: Ecoutez, je trouve que les autorités françaises font le maximum, au niveau du gouvernement, je crois qu’il y a une véritable volonté de lutter contre l’antisémitisme. Je regrette qu’au niveau de la justice, les rares cas d’auteurs d’actes antisémites qui parviennent à la justice ne soient pas sanctionnés malgré une loi Lellouche extrêmement sévère, malgré une volonté du garde des sceaux que cette loi soit appliquée avec sévérité, ce laxisme est très dommage parce qu’il encourage par un sentiment d’impunité les auteurs d’agressions antisémites.
Europe 1: Alors en janvier dernier, vous disiez dans un discours que les citoyens juifs vivent le temps du malaise et de l’interrogation sur leur avenir en France, est-ce que c’est toujours votre sentiment ?
RC: Bien, oui, écoutez, les actes antisémites se poursuivent. Alors incontestablement le gouvernement a pris largement la mesure du phénomène, et condamne ces actes antisémites et agit pour essayer d’éradiquer ce phénomène, mais il faut que le l’opinion publique se convainc de la nécessité de réagir à ces événements et il faut notamment que la justice passe. Or aujourd’hui la justice n’est pas passée.
Europe 1: Alors vous avez vous en ligne de mire d’autres mouvances politiques que celles qui sont au pouvoir. Vous disiez dans ce même discours du 27 janvier dernier… Vous dénonciez une alliance « brun-vert-rouge » qui a provoqué d’ailleurs une indignation de certains écologistes et communistes. Est-ce que vous pensez toujours que l’antisémitisme peut venir aussi de certaines de ces mouvances politiques ?
RC: Ecoutez il y a un climat qui en diabolisant systématiquement Israël et Sharon – un peu comme on diabolise Bush, d’ailleurs – et ça va du quai d’Orsay jusqu’à l’extrême gauche, ça crée un climat qui permet à des jeunes d’avoir des réactions, d’assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme, et donc il y a un climat qui est extrêmement fâcheux, et qui explique en large mesure le phénomène auquel nous assistons.
Europe 1: Roger Cukierman merci. Je rappelle que vous êtes le président du CRIF.
PARIS, 23 août 2004 (AFP) - Le garde des Sceaux Dominique Perben a déclaré lundi que le gouvernement était en "guerre" contre "tous les racismes", après l'incendie d'un centre social juif dans la nuit de samedi à dimanche à Paris, réfutant au passage les accusations de "laxisme" portées contre la justice.
"Ce que je veux dire avec beaucoup de détermination c'est que sur instruction vraiment très forte du président de la République le gouvernement a déclaré la guerre au racisme, à tous les racismes", a déclaré le ministre à RMC Info.
Répondant à une accusation portée dimanche par le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Roger Cukierman dénonçant le "laxisme" de la justice dans les affaires d'antisémitisme, M.Perben a rappelé que lorsque les décisions des tribunaux n'étaient pas assez sévères les parquets avaient pour instruction de faire systématiquement appel.
"Il est important que la justice trouve les coupables et qu'ils soient jugés avec sévérité. Lorsque nous considérons que les sanctions délivrées par les tribunaux sont insuffisantes - et je sais qu'hier (ndlr dimanche) M. Cukierman, président du Crif, a regretté certaines décisions de certains tribunaux (...) - je demande aux parquets de faire appel systématiquement", a-t-il affirmé.
Le ministre a en outre rappelé avoir mis en place dans chaque cour d'appel un magistrat référent pour les affaires de racisme tandis que sa majorité politique a dernièrement déjà modifié la loi "par deux fois" pour aggraver les sanctions en cas d'infractions racistes.