Les cinq premiers mois de 2011 ont confirmé le statut de l’Italie comme l’un des plus grands partenaires commerciaux de l’Iran. Rome, comme à son habitude ancestrale, fait des affaires avec la plus grande menace totalitaire contre la paix et la sécurité internationale depuis les défaites du communisme soviétique et du fascisme nazi. Rome fournit une bouée de sauvetage à un régime iranien cruel à l’intérieur de ses frontières et terroriste à l’extérieur… Et qui prêche un anti-judaïsme sévère malgré ce qu’en disent les propagateurs de la bonne parole ayatollienne.
Pendant ce temps, une vague trouble de zèle anti-Israël est également en forte croissance à un rythme alarmant en Italie. « Le vieux libellé anti-juif est maintenant destiné à l’Etat d’Israël », dit Stefano Gatti, l’un des meilleurs chercheurs au Centre de Documentation de Milan.
Des activistes pro-palestiniens menacent « d’enflammer » Milan, la capitale financière de l’Italie, où une exposition israélienne va s’afficher dans une place centrale. Pendant ce temps, la ville de Turin a organisé un « festival culturel » où l’image de Shimon Peres a été utilisée comme une cible de jets de chaussures. Pour un euro, les étudiants italiens ont eu la chance de frapper le visage du président d’Israël, qui était muni d’un nez de style nazi.
Un étudiant israélien à l’Université de Gênes a été harcelé et menacé de mort par des étudiants arabes. Des étudiants musulmans lui ont crié « Allahu Akbar » (Allah est grand) et « Itbach el Yahud » (égorgez les Juifs). Un autre étudiant israélien à l’Université de Turin, a avoué que « les Juifs cachent ici leur propre identité, car ils risquent de devenir une cible ».
Pendant ce temps, la diabolisation des Juifs se répand dans les médias libéraux. Le journaliste de gauche « Il Manifesto » a publié une caricature d’un candidat juif au Parlement, Fiamma Nirenstein, avec des insignes fascistes, un macaron de campagne et une étoile de David. Le dessin a été appelé « Fiamma Frankenstein ».
L’Unità, le journal officiel du Parti démocratique de gauche, a publié une interview de l’anthropologue Nancy Scheper-Hughes, dans laquelle elle a affirmé qu’Israël est un leader mondial dans le trafic d’organes. L’accusation ressemblait à celle de la diffamation du Moyen-Age où les Juifs étaient accusés d’enlèvement d’enfants chrétiens et musulmans avant la Pâque, afin d’utiliser leur sang pour en faire un pain azyme.
L’UCOII, la plus grande organisation islamique en Italie, a publié une annonce dans les journaux grand public : « Hier, effusion de sang nazie. Aujourd’hui effusion de sang israélienne ». Un tribunal italien a jugé que la nazification d’Israël fait partie de la « liberté d’expression » et n’était pas un cas d’incitation à la haine.
En 2009, l’Italie a envoyé la plus grande délégation d’artistes européens à un festival caricaturiste iranien sur l’Holocauste. Pise, Rome et Bologne sont parmi les plus prestigieuses universités italiennes qui accueillent chaque année des conférences anti-sionistes et pro-Intifada. L’israélien Shai Cohen a été empêché de parler à l’Université de Pise, après une violente attaque par les étudiants, qui l’ont appelé le « boucher, fasciste, assassin ». L’ambassadeur d’Israël, Ehud Gol, a fui l’Université de Florence, après une pareille “protestation”.
Pendant ce temps, le conseil de la ville de Riccione a parrainé une réunion contre « le militarisme d’Israël », expliquant que « les gouvernements israéliens ne représentent pas le peuple juif ». La Coop et Conad, deux des principales chaînes de supermarchés en Italie, ont retirés les produits israéliens de leurs étagères au nom d’un boycott des habitants juifs d’Israël et des localités de Judée et de Samarie. Même boycott de la part des communautés chrétiennes locales et des groupes de gauche qui ciblent l’Oréal, Ahava et d’autres entreprises “sionisto-juifistes”.
Flaica, un syndicat avec 8.000 membres qui travaillent dans la grande distribution, fait la promotion du boycott de « tous les commerces gérés par les Juifs » et a établi des listes de magasins appartenant aux Juifs, des boutiques à éviter en raison de « ce qui se passe à Gaza ». A Rome, la nouvelle flottille pro-Hamas a été présentée aux officiels dans les bureaux de l’Ordre Professionnel des Journalistes, un organisme financé par l’État. Certain membres du groupe terroriste turc interdit en Europe, l’IHH, étaient même sur place.
Le Foreign Press Association de Rome, une institution financée par l’État, a suspendu deux journalistes, deux Juifs du Yedioth Ahronoth, Menachem Gantz et le français Ariel Dumont. Le journaliste iranien Masoumi Nejad, qui a été arrêté pour un trafic d’armes impliquant l’Italie et l’Iran, n’a jamais été expulsé par l’association.
L’antisémitisme est à la mode aussi parmi les “intellos”, des intellectuels et des universitaires. L’actrice Sabina Guzzanti a attaqué la “race juive” dans une émission de télévision de grande écoute. Le gourou littéraire Alberto Asor Rosa a écrit dans un livre son point de vue sur « la transformation des Juifs d’une race persécutée à une race de guerriers persécuteurs ».
La montée de l’antisémitisme se manifeste également par la sécurité autour de la plus grande synagogue de Rome, une des plus anciennes dans le monde. Le temple juif ressemble à un avant-poste militaire : des gardes privés partout, des détecteurs de métaux et des policiers à chaque coin. L’école juive ressemble à une “zone stérile” protégée par des policiers, des gardes du corps et des caméras. Toutes les fenêtres de l’école sont d’aplomb, avec des grilles de fer.
Les groupes pro-palestiniens ont défilé tout récemment dans le ghetto, en criant “fascistes” et “assassins” aux Juifs, dont quelques-uns sont des survivants de la Shoah. C’est là, le 16 Octobre 1943, que 1.200 Juifs furent déportés à Auschwitz, et aucun des 200 enfants juifs n’est rentré à la maison. C’est là, le 9 Octobre 1982, qu’un Arabe terroriste a ouvert le feu sur les Juifs; un bébé de deux ans, Stefano Taché, est devenu la première victime italienne de la violence anti-juive, depuis la guerre.
Non loin du ghetto, dans la partie inférieure de la porte de Titus, du nom de l’empereur romain qui a détruit le Second Temple à Jérusalem, quelqu’un a écrit en hébreu: « Am Yisrael Chai ». Le peuple d’Israël, non seulement n’a pas été détruit, mais un air de défi est resté vivant. Il est réconfortant de savoir qu’il y a encore quelqu’un qui a le courage de l’écrire.
Giulio Meotti est journaliste à Il Foglio, est l’auteur du livre A New Shoah: The Untold Story de victimes du terrorisme d’Israël – Adaptation française JSSNews.
Photo (Giulio Meotti) : D.R.