Tribune
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Publié le 16 Juin 2003

Soyons sionistes et pro-palestiniens

Permettez moi, après quelques jours de réflexion d’essayer de tirer les leçons de la soirée organisée par l’Union des Etudiants Juifs et qui s’est tenu la semaine dernière au Bataclan.



A en juger d’après le programme, cela devait être une belle soirée. Placée sous le slogan suivant : « soyons sionistes et pro-palestiniens », la réunion était co-organisée par l’UEJF et la Clé, traduisez, la convention laïque des musulmans de France.

On allait nous dit-on entendre – enfin ! – la voix des modérés. Eh bien je peux vous dire que nous n’avons pas été déçus.

Les étudiants juifs, par la voix de leur président sortant, Patrick Klugman, ont tout fait - il leur reconnaître ce mérite - pour multiplier les gestes de bonnes volonté et les déclarations apaisantes. « Soyons sionistes et pro palestiniens » cela voulait dire défendre Israël bien sûr tout essayant de tendre la main, de rechercher coûte que coûte le dialogue et la voix du compromis ici avec les musulmans de France et là bas au Moyen-Orient avec les Palestiniens.

La réponse des musulmans de France, elle, n’a pas tardée à être connue. Sur la scène du Bataclan, Hamida Ben Sadia, la secrétaire générale de la CLE a tenu à mettre tout de suite les points sur les i.

«Nous réclamons la partition de Jérusalem et le retour des réfugiés de 1948 » a-t-elle déclaré. « Pour le reste nous apportons un soutien sans failles à l’Autorité Palestinienne de Yasser Arafat ».

Il y a eu dans la salle comme un malaise gêné, suivi d’un silence. Puis on est passé à autre chose. Comme dans ces dîners en ville où pour ne fâcher personne on fait semblant de ne pas avoir entendu la gaffe d’un convive.

Silence donc dans le public, composé essentiellement de juifs et d’amis Israël. Les pro-palestiniens – les vrais – eux ne s’étaient même pas déplacés.

Le mérite de cette soirée a au moins été d’expérimenter à une petite échelle – très parisienne – ce que peut constituer un marché de dupes.

Mieux vaut tenter l’expérience sur la scène du Bataclan avant d’essayer de l’appliquer en grandeur nature sur le terrain.

Clément Weil-Raynal

RCJ, Lundi 16 juin 2003