L’émission portait sur un livre qui a fait, précisément, scandale. Un livre écrit par un homme qui est historien de métier, un universitaire avec le titre de professeur. Le livre a été publié par un grand éditeur français, et cela peut se comprendre car, aux yeux du lecteur non averti, notre historien avait toutes les qualifications requises pour s’exprimer sur ce sujet.
Mais c’est là que le bât blesse, expliquent les historiens invités par Emmanuel Laurentin. L’auteur du livre s’est laissé aller à écrire sur un sujet qu’il ne connaît pas vraiment, pour lequel il n’a pas les compétences linguistiques minimales. Ce livre est donc bourré d’erreurs et, pour reprendre le mot de l’un des historiens parlant sur France Culture, de «sottises». Qui plus est, ajoute une historienne, ce livre qui se présente comme un travail d’historien est en fait un pamphlet, où des arguments dénués de toute valeur factuelle sont mis au service d’une thèse indéfendable.
J’arrête là mon résumé de l’émission, dont le sujet était le livre de Sylvain Gouguenheim «Aristote au Mont Saint-Michel». Un livre qui fit effectivement scandale, parce que l’auteur prétendait démontrer que l’Europe médiévale était moins redevable qu’on ne l’a dit au monde arabe pour la transmission de l’héritage grec.
Je n’ai pas de lumières particulières dans ce domaine. Je ne commenterai donc pas le livre de M. Gouguenheim. Mais je ne peux m’empêcher de penser que la description faite de l’auteur et de son livre peut s’appliquer point par point à un autre cas : le livre de Shlomo Sand «Comment le peuple juif fut inventé». Tout y est : compétence apparente, incompétence réelle, thèse pseudo historique dénuée de fondement, etc.
Sauf que, dans le cas de Shlomo Sand, les historiens français sont restés muets tandis que la grande presse multipliait les articles sur un sujet auquel elle ne comprenait rien.
Il est vrai qu’il y a une différence. Sur les Juifs, on peut dire et écrire à peu près n’importe quoi.
Meir Waintrater (RCJ 27 mai 2009)
Photo : D.R.