Tribune
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Publié le 16 Février 2004

Tawil en cassation

La cour de cassation, c'est-à-dire la plus haute juridiction français, va examiner demain après midi le dossier de l’affaire Raymonda Tawil.



Après trois ans de bataille judiciaire, cette affaire est devenue le symbole d’une certaine dérive de la justice française qui, à de trop nombreuses reprises, a refusé de sanctionner les dérapages antisémites dans les médias, dès lors que ces dérapages prenaient pour prétexte le soutien à la cause palestinienne.

Les faits méritent d’être rappelés : Le 12 janvier 2001, la journaliste palestinienne Raymonda Tawil, est l’invité du journal de France Culture.

Très vite, Raymonda Tawil se lâche : elle s’en prend nommément aux juifs de France, qu’elle accuse de racisme ainsi qu’au lobby juif mondial qui, selon elle, préparerait le massacre de l’ensemble du peuple palestinien.

Poursuivie devant la tribunal de Paris par plusieurs organisations juives et anti-racistes, Mme Tawil, qui n’a pourtant jamais daignée se déplacer ni même se faire représenter par un avocat, a bénéficié cependant d’une bien étrange mansuétude de la part du procureur et des juges de la 17e chambre correctionnelle.

Est-ce parce que Mme Tawil se trouve être la propre belle-mère de Yasser Arafat ? Peut-on imaginer, sans faire injure ni outrage à la justice, qu’il y ait eu une intervention en haut lieu pour qu’elle ne fût pas condamnée ? En la relaxant, les juges ont en tous cas rendu une décision motivée de façon peu habituelle.

Tout en reconnaissant que ces propos étaient d’une extrême violence et qu’ils mettaient effectivement en cause les juifs de France, le Tribunal a estimé que la diatribe de Mme Tawil « s’inscrivent dans le cadre du combat qu’elle mène contre Israël » et que pour cette raison elle ne pouvait donc être condamnée.

Les juges de la cour d’Appel ont confirmé cette analyse qui – il faut le préciser – est en totale rupture avec une jurisprudence bien établie au nom de laquelle la diffamation raciale a toujours été condamnée lorsqu’elle émanait bien entendu de l’extrême droite.

A l’heure où l’on brûle les synagogues, l’antisémitisme pro-palestinien bénéficie-t-il d’un traitement de faveur dans le droit français ?

C’est désormais à la cour de cassation de répondre.

Clément Weil-Raynal,

RCJ, lundi 16 février 2004