Tribune
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Publié le 25 Octobre 2011

Tintin au pays des nazis, par Haïm Musicant

Les Belges ne sont pas devenus nazis, mais un sondage publié la semaine dernière par Paris-Match-Belgique fait froid dans le dos.




43%des Belges, autant de Flamands que de Wallons, pensent que le nazisme « comportait des idées intéressantes »même si elles étaient « essentiellement ou en partie critiquables ».Seulement 44% des personnes interrogées pensent « qu’il faut rejeter en bloc le nazisme ».



Selon le même sondage, Hitler est considéré par 38% comme un intellectuel, par 37% comme un visionnaire et par 17% comme un incompris.



Pourtant les Belges ne peuvent pas dire : « On ne savait pas ! »69% se disent tout à fait ou plutôt bien informés. Mais la nouvelle génération manque cruellement de connaissances. Un jeune Belge sur deux de moins de 25 ans ignore tout de l’antisémitisme nazi et seulement un sur quatre connait le principe de supériorité de la race aryenne.



Professeur à l’Université libre de Bruxelles, Joel Kopek considère que ce sondage est très représentatif de l’état dans lequel se trouve la Belgique. 86%des Belges estiment que l’idéologie nazie existe encore sous d’autres formes,66%des Wallons et 32% des Flamands pensent que le contexte politique en Belgique est propice à la recrudescence d’idéologies d’inspiration nazie. Les Belges désappointés par l’impuissance des partis politiques classiques, peuvent être tentés par des idées nazies. « On assiste à un désarroi idéologique. Les gens sont à la recherche d’autre chose ».



Joel Kotek estime que les Belges sont surinformés sur le nazisme et la Shoah. Même s’il n’existe pas d’équivalent à la déclaration de Jacques Chirac en 1995 sur la responsabilité de la France dans la déportation des juifs, le gouvernement belge a fait publier une étude en 2007 « La Belgique docile » ,qui reconnait la responsabilité et la collaboration d’une partie des autorités belges pendant la Shoah .En 1939 , il y avait 55 000 juifs ;28 000 ont été déportés et la communauté juive de Belgique compte aujourd’hui 30 000 personnes .



Pour Joel Kotek, la Belgique vit dans le confusionnisme. Elle « se désintéresse » de ses juifs. Elle ne veut pas reconnaitre l’antisémitisme musulman, estimant que des sémites ne peuvent pas être antisémites.



L’image d’Israël est « catastrophique », note Joel Kotek. L’ignorance de la réalité est entretenue par les medias » qui présentent la situation comme un western ».Joel Kotek estime que la Belgique se rapproche du modèle scandinave : « On soutient les Palestiniens contre les Israéliens au nom des droits de l’homme ». Bruxelles est à 1h20 de Paris.



(Actualité juive 18 octobre2011)



Photo : D.R.