Cette réorientation stratégique est fondée sur une analyse fausse de la réalité des rapports de force en cours au Proche Orient et dans le Monde. Israël est prêt à la paix et prêt à faire des concessions majeures pour y parvenir. Israël a déjà fait la preuve dans le passé de sa capacité à échanger des territoires contre des traités de paix avec l’Egypte et avec la Jordanie mais Israël peux-t-il faire la paix avec celui qui à fait de son anéantissement l’objectif ultime de son combat ? Qui peut nier le lien historique, culturel, spirituel de la ville de Jérusalem avec le peuple juif ? Vouloir priver ce peuple de sa capitale consiste à nier ses fondements, à contester la légitimité du choix de son retour sur cette minuscule portion de terre au Proche Orient.
Jérusalem n’est pas une colonie. Elle est la capitale de l’Etat d’Israël. Elle est le lien symbolique de tout le peuple juif qui a inscrit depuis des siècles dans sa liturgie la prière de son retour. Contester au peuple juif ce droit consiste à contester les fondements de sa légitimité en tant que peuple et par là même en tant qu’Etat. Une imposture historique prétend inscrire Jérusalem dans le patrimoine fondamental de l’Islam dont la Palestine à venir serait le porte drapeau politique. Ce dispositif s’inscrit dans un grand projet de reconquête visant à faire du Proche Orient une terre exclusivement musulmane. Au Liban, au Soudan, en Irak, au Maghreb, les chrétiens sont depuis longtemps les victimes de cette offensive. A l’intérieur de l’Europe, en France, en Belgique, aux Pays Bas, en Allemagne, en Suisse, la même offensive est à l’œuvre. Elle grignote chaque jour, de mois en mois, d’année en année, ce qui constituait jusqu’à pas si longtemps encore un beau patrimoine de civilisation. Ce qui aujourd’hui menace l’identité européenne, menace en priorité Israël. Estimer le contraire et penser que ce serait l’intransigeance israélienne qui menacerait des rapports pacifiés du monde occidental avec le monde arabo musulman relève de l’auto-illusion. Qui peut croire que l’enjeu de conflit se réduirait à l’exigence arabe de récupérer dix kilomètres carrés et que ce serait la décision de construire des logements à Jérusalem qui menacerait un processus de paix illusoire. Le jour même de cette annonce stupide, l’Autorité Palestinienne annonçait de son côté qu’elle honorait la mémoire d’un grand tueur, Al Mugrabi, responsable en 1978 de l’assassinat de 38 citoyens israéliens et d’un photographe américain dans une spectaculaire opération terroriste contre un autobus civil. A symboles comparés, on reste stupéfait devant les choix des héros arabes.
Israël est prêt à échanger une partie de la Cisjordanie pour qu’elle devienne la future Palestine. Israël est prêt à garantir, et le fait déjà, le libre accès des lieux saints pour tous ceux qui trouvent dans Jérusalem la source de leur spiritualité mais Israël ne négociera pas sa souveraineté sur cette ville, sauf à considérer qu’Israël tout entier est une « implantation ». Obama est il prêt à rendre le Dakota aux Cheyennes, la Caroline aux Oglalas, le Minnesota aux Sioux ? Certains arabes réclament le retour de l’Andalousie dans l’Oumma et le partage de Cordoue. Faut il céder à cette demande ? Le peuple palestinien a forgé son identité dans sa lutte contre Israël. Avant 1948, le peuple arabe de Palestine ne réclamait que faiblement ses droits nationaux à l’occupant ottoman, égyptien, ou anglais. Le peuple palestinien fut inventé pour la cause du nationalisme arabe dont les Etats arabes firent le rebut pendant plus de soixante ans. Aujourd’hui ce peuple se définit comme tel et il a ses droits, ce que personne ne conteste mais ces droits ne sauraient se fonder sur la négation des droits de l’autre. On pouvait estimer depuis 1993, avec les accords d’Oslo, qu’un bout de chemin avait été fait côté palestinien mais l’intifada déclenchée en 2000 avait aussitôt démenti ce faux espoir. En Europe et aux Etats Unis on feint de croire que l’apaisement au Proche Orient réduirait la menace islamiste. C’est ne rien comprendre à la stratégie à l’œuvre dans le monde musulman depuis la révolution islamiste en Iran en 1979. Le Hamas et le Hezbollah ont inscrit l’anéantissement d’Israël au cœur de leur projet politique. Peut-on négocier la paix avec celui qui veut votre mort ?
Par une suite ininterrompue d’offensives multiples, de replis tactiques, d’attaques terroristes, d’offensives culturelles, de pénétration démographique l’islamisme s’affirme comme la grande menace du XXIème siècle. Il faut être aveugle pour ne pas se rendre compte qu’après les fascismes, après le communisme, l’islamisme est bien le grand projet totalitaire messianique qui menace les libertés dans le monde. On ne contraint un totalitarisme offensif par de bons sentiments. Déjà du temps de la guerre froide le Mouvement de la paix confondait l’agresseur et l’agressé et préférait le totalitarisme soviétique au système libéral américain. Faire de l’attitude rétive d’Israël le premier obstacle à la paix est une erreur d’appréciation considérable. Ne pas prendre en compte le double discours palestinien constitue l’autre erreur de jugement. Ne pas inscrire la tactique palestinienne dans la cadre plus large des stratégies arabes c’est faire preuve de courte vue. Ne pas inscrire ces stratégies dans la grande partie d’échecs qui se joue autour la bombe iranienne c’est faire preuve d’aveuglement. Ne pas voir qu’Israël, loin d’être un obstacle constitue le premier rempart contre cette agression, est le signe d’une disposition suicidaire de l’Occident. Le 11 septembre 2001, l’attaque contre les USA avait apporté la preuve du choix délibéré du choc des civilisations voulu par l’islam radical. Par couardise ou par courte vue certains estiment aujourd’hui que tendre la main à celui qui veut votre mort est une bonne attitude, un bon choix stratégique. Ce qui menace Israël nous menace, nous démocraties occidentales. Loin de menacer la paix, Israël nous protège.
Photo : D.R.