Tribune
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Publié le 16 Décembre 2005

Un inacceptable voyage

Marine Le Pen aimerait succéder à son père à la tête du FN. Encore faut-il qu’elle lève quelques obstacles et qu’elle écarte en premier lieu un autre prétendant à la succession de Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch. Le délégué général peut compter sur l’appui des catholiques traditionalistes et notamment des réseaux animés par l’ancien député européen Bernard Anthony, dirigeant de Chrétienté-Solidarité. Marine Le Pen essaye donc de lifter son parti et de le rendre plus présentable. Ainsi tenterait-t-elle et par exemple de pondérer son père, parce qu’elle serait consciente que les déclarations de son père, lorsqu’il est question de l’Occupation ou des Juifs, portent ombrage au FN. Rappelons à ce sujet un « événement » qui est survenu en 2004. Le 11 octobre 2004 lors d'une conférence de presse à Lyon, Bruno Gollnisch, réagit au rapport de l’historien Henry Rousso sur le négationnisme au sein de l'université Lyon-III. A cette occasion, Gollnisch déclare qu'« il n'y a plus un historien sérieux qui adhère intégralement aux conclusions du procès de Nuremberg ». « Je ne remets pas en cause l'existence des camps de concentration mais, sur le nombre de morts, les historiens pourraient en discuter. Quant à l'existence des chambres à gaz, il appartient aux historiens de se déterminer », poursuit le numéro 2 du parti d'extrême droite. Le bureau politique du FN vote, le 18 octobre, un communiqué de soutien à Bruno Gollnisch, six proches de Marine Le Pen s’abstiennent. Marine Le Pen, après avoir, le même jour, fait une déclaration dont il faut prendre acte, pour condamner les propos de Gollnisch et évoquer « le martyre du peuple juif par les nazis », finit par voter ce communiqué.


Quoi qu’il en soit du positionnement de Marine Le Pen –positionnement tactique qui ne renie nullement le programme du FN et ne cède en rien sur les « fondements » idéologiques du parti, comme le souligne le politologue Jean-Yves Camus, Marine Le Pen n’en reste pas moins vice-présidente du FN. De facto, il serait indigne et incompréhensible que Marine Le Pen puisse se rende en Israël.
Marc Knobel