Tribune
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Publié le 24 Juin 2010

«Une nouvelle décision liberticide de la France impérialiste», par Meïr Waintrater

Al-Aqsa est le nom de la chaîne de télévision du Hamas, qui émet depuis Gaza. Cette chaîne est relayée dans le monde arabe, et elle est reçue en France par le biais de l’opérateur satellitaire Eutelsat. Je devrais pouvoir bientôt dire «elle était reçue», puisque le 8 juin le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a demandé à Eutelsat de cesser la diffusion de la chaîne.




En décembre 2008, déjà, le CSA avait adressé une «mise en garde» à Eutelsat, en raison des «incitations à la haine ou à la violence» contenues dans les programmes d’Al-Aqsa. En novembre 2009, le CSA s’adresse à nouveau à Eutelsat – cette fois sous la forme d’une «mise en demeure», qui est l’étape suivante dans le processus allant vers l’interdiction.



Finalement, le 7 juin 2010, le ministère des affaires étrangères annonce que la Commission européenne a demandé à la France de se mettre en conformité avec le droit européen, en sanctionnant Al-Aqsa. C’est chose faite le lendemain, 8 juin.



Alors commence un concert de protestations. Le Hamas dénonce dans un communiqué «les pressions du lobby sioniste». Le site Internet «Palestine-Info» parle de «déshonneur pour la France». Le site d’extrême gauche «Vive la révolution!» publie un texte du «Mouvement démocratique arabe» qui condamne «une nouvelle décision liberticide de la France impérialiste».



Quant au Réseau Voltaire, dirigé par Thierry Meyssan, il explique cette persécution par le fait que «Al-Aqsa TV présente le point de vue gazaouite à propos de l’attaque pirate contre la flottille de la liberté».



On est vraiment injuste pour la télévision du Hamas. Elle fait beaucoup plus que cela. Voici, par exemple, un échantillon d’une de ses émissions, qui date du 14 mai 2009 et a motivé l’intervention du CSA : «La psychologie terroriste des Juifs a une seule cause : l’amour qu’ils ont pour l’argent. Le seul dieu, la seule religion des Juifs, c’est l’argent.»



Certains s’étonnent qu’on censure de tels propos. Moi, je m’étonne qu’il ait fallu attendre si longtemps. Et je m’étonne encore plus de l’étonnement de certains.



Billet diffusé sur RCJ le 23 juin 2010



Photo : D.R.