La communauté juive porte en terre son ancien président, Jacques Tuwja Kleczewski. André Delelis, l'ancien maire de Lens, est là. Il se souvient de l'horreur quand, dans les années quatre-vingt, le cimetière avait été profané. Jacques Kleczewski et lui avaient organisé une cérémonie puis préparé les contacts avec la police pour trouver les auteurs.
Jacques Kleczewski est né à Lodz, en Pologne. Il est venu en France avant la Deuxième Guerre mondiale puis il a rejoint l'armée française, sous le pseudonyme Moko. Ancien combattant français alors qu'il est polonais, il s'installe à Lens où il devient assureur.
La communauté juive polonaise de Lens est arrivée dans le bassin minier dans le sillage des mineurs polonais venus dans les années vingt. Ils étaient essentiellement commerçants et ils savaient proposer aux Polonais les produits que ces derniers souhaitaient.
Dans la douleur européenne qu'est la Shoah, il est une rafle trop peu connue, celle de la nuit du 10 au 11 septembre 1942 à Lens. Au total, 117 hommes, 123 femmes et 288 enfants seront gazés à Auschwitz par les Allemands, après avoir été « parqués » toute la journée sur la place du Cantin, puis emmenés par train à Malines (B).
Une rue pour les 528 déportés
Il a fallu attendre 1979 pour que la mémoire revienne avec une rue à Lens, celle des 528 déportés juifs. Dans la discrète synagogue de la ville, une grande plaque porte le nom de chacune des victimes.
L'actuel vice-président du CRIF, le docteur Charles Sulman, est né dans la région lensoise où il a vécu sa jeunesse, passant son bac au lycée Condorcet avec un certain Daniel Percheron devenu président de Région.
À Éleu-dit-Leauwette, petite ville collée à Lens, le cimetière juif n'est pas un carré. C'est le seul cimetière de ce type au nord de Paris et le rabbin Dayan l'a bien rappelé en ce dimanche de novembre, puisque les juifs peuvent inhumer leurs êtres chers ce jour-là.
Par Henri Dudzinski (article publié dans l’édition de la Voix du Nord du mercredi 10 mars 2010)
Photo : D.R.