La politique étrangère de Nicolas Sarkozy diffère sur plusieurs points de celle défendue par Jacques Chirac. Tout d’abord Nicolas Sarkozy a voulu marquer sa proximité à l’égard des USA en décidant que la France rejoindrait l’OTAN, décision contrariante pour les fidèles du gaullisme dont Jacques Chirac. Deuxième différence : la France a adopté une attitude beaucoup plus ferme à l’égard de l’Iran que celle défendue par Jacques Chirac qui, en privé, affirmait ne pas croire à la menace nucléaire iranienne.
Troisième différence et celle la, comme la précédente, concerne indirectement l’Etat d’Israël : alors que Jacques Chirac avait rompu toute relation avec la Syrie après l’assassinat de Rafic Hariri et la mise en place d’un tribunal spécial chargé de juger les assassins de l’ancien premier ministre libanais, Nicolas Sarkozy a fait le pari de faire les yeux doux à Bachar El Assad.
Ce faisant, il pensait obtenir de la Syrie le renforcement de l’indépendance du Liban. Il espérait aussi que la Syrie convaincrait l’Iran de faire des concessions sur le difficile dossier nucléaire iranien. Enfin Nicolas Sarkozy n’excluait pas de jouer les médiateurs entre Israël et la Syrie.
Le rapprochement franco-syrien a commencé avec un voyage de Claude Guéant à Damas. Puis Assad a été invité à la tribune sur les Champs Elysées un 14 Juillet afin de préparer le sommet à Paris de l’Union pour la Méditerranée. Puis Nicolas Sarkozy se rend à Damas.
En mars 2009 la Syrie nomme enfin un ambassadeur à Beyrouth ce qui est alors considéré comme une avancée importante sur le chemin de l’indépendance libanaise. Assad vient à nouveau à Paris en décembre 2010.
Mais la mansuétude française à l’égard de la Syrie n’a donné aucun résultat tangible.
--Par le Hezbollah interposé, la Syrie a évincé Saïd Hariri du gouvernement libanais et l’a remplacé en 2011 par un gouvernement à sa botte. Adieu les espoirs d’un Liban indépendant de la Syrie !
--La Syrie arme, finance, soutient le Hezbollah au Liban.
--La Syrie héberge à Damas le chef du Hamas et aide l’Iran à alimenter en armes le Hezbollah et le Hamas.
--La Syrie avait même développé en secret des plans pour obtenir une bombe nucléaire, en contravention des accords de non prolifération nucléaire. Ce projet syrien a été interrompu par un bombardement israélien. Le site où les Syriens construisaient un réacteur nucléaire basé sur une technologie nord coréenne a été détruit. L’Agence de contrôle de l’Energie Nucléaire désormais dirigée par un Japonais, moins myope que son prédécesseur égyptien El Baradei, s’est insurgée contre la Syrie qu’elle soupçonne de continuer à abriter des activités nucléaires illégales.
La France, amie de longue date du Liban, avait annoncé avant le départ de Saïd Hariri qu’elle livrerait à l’armée libanaise cent missiles antichar. Or on sait qu’une grande partie de l’armée libanaise se sent proche du Hezbollah. Aussi, ces missiles, si leur livraison devait être confirmée, ne peuvent viser qu’un adversaire : l’armée israélienne.
Aucun des comportements syriens ne répond aux espoirs de la diplomatie française. Il paraît clair que la politique de rapprochement avec Bachar El Assad a échoué.
Au vu de la main mise, désormais complète, de la Syrie sur le Liban, une révision de la politique française à l’égard de la Syrie semble opportune. D’autant que le climat de révolte des populations du monde arabe contre leurs dirigeants devrait inciter la France à prendre ses distances à l’égard du dictateur syrien.
Photo : D.R.