Malgré les apparences, écrit Arkin dans le Washington Post, «nous n'allons pas en guerre contre l'Iran, et le départ de Fallon ne va rien changer à la situation en Irak». Ce départ, poursuit-il, «montre que l'expérience du commandant sur le terrain ne vaut rien face aux exigences de Washington». Joint au téléphone à sa résidence de Woodstock, au Vermont, Arkin a déclaré à La Presse que «Bush n'a pas assez de temps pour faire la guerre à l'Iran» et qu'«il n'osera pas laisser à son successeur un autre bourbier en héritage, qui serait plus complexe que l'Irak ou l'Afghanistan».
Désaccord
Nommé il y a un an à la tête du CENTCOM, le commandement basé à Diego Garcia, dans l'océan Indien, et responsable des guerres en Irak et Afghanistan, l'amiral Fallon a réclamé publiquement le retrait des GI d'Irak, arguant que ce conflit nuisait à l'effort de guerre en Afghanistan. Il a aussi exprimé son désaccord avec «les incessants roulements de tambours» contre l'Iran. La semaine dernière, le magazine Esquire a brossé de lui le portrait de «l'homme entre la paix et la guerre» avec l'Iran, pays que l'administration Bush accuse de s'immiscer dans les affaires irakiennes et de convoiter l'arme nucléaire. L'auteur estimait qu'il ne serait pas surprenant que Fallon soit relevé de ses fonctions, ce qui «pourrait signifier que Washington a l'intention d'agir militairement contre l'Iran avant la fin de l'année», rapporte La Presse.
«Je suis à l'affût des moindres préparatifs militaires, dit William Arkin. Rien n'indique qu'on soit à la veille d'une guerre contre l'Iran. De toute façon, la stratégie aérienne de Choc et Stupeur (l'attaque contre l'Irak) ne fonctionne plus, et une invasion terrestre est hors de question». «Les Américains sont las de ces guerres coûteuses qui n'en finissent pas.»
Le Sunday Times de Londres écrivait lundi, citant une source proche des renseignements britanniques, que «de hauts gradés du Pentagone vont démissionner en cas de guerre contre l'Iran». Le sénateur Harry Reid, chef de la majorité démocrate, a qualifié ce départ de «nouvel exemple du fait que l'administration n'apprécie pas l'indépendance des experts». La sénatrice Hillary Clinton, aspirante à la présidence, a demandé que la Commission des forces armées enquête sur les circonstances de son départ. Le candidat républicain John McCain a souligné que sous le commandement de Fallon, «la situation en Irak s'est améliorée de façon spectaculaire», conclut La Presse.