Tribune
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Publié le 19 Avril 2010

Yom Hazikaron

Dans le calendrier hébraïque, la journée de ce lundi 19 avril 2010 porte sans doute une des appellations les plus belles et les plus fortes dans le panorama de nos traditions et de nos rites: Yom Hazikaron, communément traduit par Jour du souvenir. Je préfère personnellement traduire « le jour de la mémoire ».




Après la célébration du Yom Hashoah, ce thème de la mémoire est plus que récurrent dans l’ensemble de nos textes. Il est fondateur. Il constitue une des bases et une des racines de nos existences et de notre permanence sur la scène de l’histoire. Il n’est pas de grande solennité juive – depuis le repos hebdomadaire du shabbat jusqu’à la culmination de Yom Kippour en passant par Pessah, le Omer et Chavouot – qui ne soit marquée essentiellement d’abord par la nécessité de se souvenir. Zakhor est conjugué dans nos traditions de mille et une façons et notamment, comme cela est le cas singulièrement à propos du chabbat, sur le mode impératif : souviens-toi !



L’exercice de la mémoire passe par l’accomplissement de rites, de pratiques… ou de commémorations pour qu’année après année, de génération en génération, l’évocation de l’événement en perpétue le souvenir. La pratique du seder de Pessah permet de rappeler les événements depuis 3500 ans, et témoigne de la matérialité des faits, n’en déplaise à certains qui n’hésitent pas à en nier l’existence.



Garder mémoire ou « faire mémoire » pour nous cela ne signifie pas observer une attitude passive ou statique en se rappelant simplement le passé. Cela veut dire au contraire tirer la leçon pour l’avenir. Apprendre pour enseigner. Raconter à son fils pour qu’il sache. Agir pour que le passé n’en vienne pas à bloquer notre marche. S’engager dans l’avenir pour le construire en n’oubliant pas l’expérience du passé, ses promesses mais aussi ses échecs ou ses lacunes.



Un grand nombre de nos maîtres ont insisté sur l’importance de la mémoire dans notre histoire. Un grand maître de la saga hassidique, Nahman de Braslaw, insiste sur le fait que seuls les peuples qui ont une longue mémoire sont sûrs d’avoir un avenir.



A Yom Hazikaron, nous sommes appelés à nous souvenir des différentes guerres d’Israël, depuis celle de 1948 de la renaissance de l’Etat d’Israël, et plus particulièrement à tous les héros, quel que soit leur grade se sont sacrifiés pour que Aam Israël hai !



Nous pensons à eux tous. C’est à leur intention que nous disons les prières de Yizkor et le kadich. Que leur âme repose aux côtés de celles de tous les justes d’Israël.



Toute célébration de mariage s’accompagne toujours par l’acte du marié consistant à briser un verre, pour que ce moment de joie ne conduise pas à oublier la tragédie de la destruction des deux temples, pour ne pas oublier que la joie ne peut être totale, parfaite !



De la même façon, nous devons aussi célébrer le Yom Hazikaron, avant de fêter le Yom Haatsmaout. Nous vous invitons à venir nous rejoindre nombreux à la synagogue consistoriale de la rue de la Victoire, lundi 19 avril 2010 à 18h30.



Dov Zerah, président du Consistoire de Paris (éditorial publié sur /www.consistoire.org)



Photo : D.R.