Tribune
|
Publié le 19 Avril 2013

Anniversaire de l’insurrection du Ghetto de Varsovie : le sacrifice et la gloire

 

Par Bely

 

Ils sont la fierté du genre humain.

Mais le genre humain ne veut pas le savoir…

Oh que non, ils n’étaient pas des moutons !

Ils n’ont pas tous été des héros ! Il n’y eut que très peu de lâches. Beaucoup ont été des hommes simplement dépassés par la situation.

La « situation » ? Un joli mot pour une conjoncture hors du concevable, totalement inimaginable, qui les a engloutis, étouffés, sans qu’ils puissent réagir.

 

Nous, les héritiers de cette génération spoliée, déportée, torturée, humiliée, nous les privilégiés qui ont reçu comme un cadeau le récit de leur voyage au-delà de l’horreur lorsque celui-ci ou celle-là est revenu et a pu raconter beaucoup plus tard, sommes responsables de leur mémoire.

Comment imaginer que Varsovie, une ville importante de un million trois cents milles habitants, par le charisme d’un homme, trois cent quatre-vingts mille juifs puissent sombrer en quelques mois dans le néant ?

Et Varsovie ne fut pas la seule à laisser ses juifs se faire déporter, enfermer dans des ghettos un jour de Kippour le 12 octobre 1940.

Avant elle, Lublin, Lodz, après elle, Cracovie, Czestochowa, Kielce, Lvov ont fait de même, pire, ont aidé les nazis à parquer tous ces gens dans des quartiers de plus en plus petits, de plus en plus fermés.

Imaginez la vie des nôtres... Non vous ne pourrez pas parce que ce ressemble trop à un film d’horreur mal tourné, trop de globuline, trop de cris, complètement décalé !

 

Souvenez-vous de ce que vous avez pu lire ou des films pris par les nazis eux-mêmes, si vous n’avez été une « oreille » à l’écoute d’un de ces revenants.

Pour faire court( !), dans un ghetto, plus rien ne ressemble à quoi que ce soit d’humain.

Les gens sont totalement désorientés. Tous ont perdu leurs repères, les écoliers traînent sans classe. Hommes femmes, enfants, sont entassés, sans travail, sans vivres, sans rien.

Et la sous-alimentation, la saleté, le stress vont très vite faire des ravages…

 

Rien ne peut changer le cours de l’histoire. Même le « conseil juif », la « Judenrat » est prise dans un machiavélique piège. Ces juifs comme les autres ont été investis par les nazis du rôle de dirigeants auxquels leurs coreligionnaires doivent s’adresser pour gérer tout problème. Ainsi sont-ils les seuls et uniques responsables de la détresse de tous. Cette situation fut insupportable pour Adam Tcherniakov qui préféra se suicider le 23 juillet 1942 pour ne pas avoir à livrer les enfants destinés à la déportation.

Après deux vagues de déportations dont la deuxième commence le 18 janvier 1943, une résistance armée commence à s’organiser sous le nez des nazis qui ont de plus en plus de mal à arrêter les jeunes juifs qui se cachent et réussissent à se procurer des armes.

 

Le 19 avril, tout aurait dû être dit. 16 officiers et 850 soldats pénètrent dans le ghetto pour déporter les derniers juifs.

Très étonnés, ils doivent faire face à une résistance incroyable.

Et pourtant ils ne sont que 3000 juifs affamés, malades dont seulement 600 sont vaguement armés. Ces héros se battent avec la rage du désespoir même s’ils savent que tout est perdu. Mais ils perdront debout. Dans la dignité. Ils auront obligé les nazis à faire appel à des renforts composés de plus de 2000 hommes avec des chars pour arriver à les achever…

 

Tout est terminé. Les juifs sont pris ou, comme le fit le chef de l’organisation militaire juive, le 8 mai 1943, Mordech’ai Anielewicz, choisissent de se suicider.

 

Bien peu en passant par les égouts réussiront à s’évader. (Pour aller où, entourés de polonais et de nazis…)

Nous ne devons pas les oublier. Nous ne devons rien oublier.

Pire (mieux ?), nous avons le devoir de transmettre.

Non pour perpétrer une haine entre les peuples, seulement pour pouvoir faire face aux négationnistes pour qui l’incroyable horreur du vécu de nos parents est le meilleur argument pour défendre leur cause abjecte, les faire mourir une seconde fois.