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Français
Dans notre pays, il se trouve un certain nombre de personnes pour affirmer avec morgue que les juifs dirigeraient le monde, que les homosexuels mettraient la société en danger, que les Arabes ne seront jamais français et que les noirs devraient préférer les arbres aux bancs de l’Assemblée nationale. Et il se trouve – hélas ! - un nombre plus grand encore de personnes suffisamment crédules, fragiles ou stupides pour le croire et le faire savoir, dans les rues et sur la Toile.
Que l’on ne s’y trompe pas : ce qui, à terme, est menacé, par le racisme, l’antisémitisme ou l’homophobie ce ne sont pas seulement les personnes d’origine immigrée, les juifs et les homosexuels, mais c'est la possibilité de vivre en République, c’est-à-dire la République elle-même.
À ceux qui ont proféré, diffusé, dit, laissé dire, mis en scène, organisé ou profité d’une telle immondice, nous voulons exprimer fermement et calmement que cela suffit ; qu’ils répondront de leurs actes et que pour notre part, nous répondrons par des mots. Le ressentiment ne peut pas être le seul sentiment qui relie entre eux des Français qui ne se sont jamais rencontrés. À trop céder aux oppositions artificielles, la défiance s’est installée et on en a oublié l’essentiel : la fierté et le bonheur de vivre ensemble. Si chacun considère son voisin ou son collègue comme une menace ou un ennemi, alors la France disparaîtra non pas tant dans ce qu’elle est, mais dans ce qu’elle a pu incarner de plus beau ici et à travers le monde.
Nous avons tous et toutes, à titre individuel, la responsabilité de construire la société dans laquelle nous voulons vivre.
Ceux qui ont hurlé doivent se taire ; ceux qui se sont tus doivent parler. En ces temps de haines rances, de clameurs incendiaires et de ressentiment généralisé, nous devons nous rassembler sous un seul mot, une seule bannière, un unique mot d’ordre, quels que soient notre origine, notre âge, notre orientation ou notre condition. Dans la France de 2014, il appartient à chacun d’entre nous de décider que le temps de la haine est révolu et que celui de la fraternité est venu.
Premiers signataires :
Yvan ATTAL
Josiane BALASKO
Bérénice BEJO
Tahar BEN JELLOUN
Pierre BERGE
Pascal BLANCHARD
Michel BOUJENAH
Patrick BRUEL
Élie CHOURAQUI
Caroline FOUREST
Michel HAZANAVICIUS
Patrick KLUGMAN
Pierre LESCURE
Bernard-Henri LEVY
Jacques MARTIAL
Yann MOIX
Scholastique MUKASONGA
Yannick NOAH
Dominique SOPO
Éric TOLEDANO