Tribune
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Publié le 27 Mai 2014

Cette fatigue de la crise qui brunit la France et l'Europe

Par Jean-Marc Vittori, publié dans les Echos le 27 mai 2014

La plupart des économistes ont mis en lumière le lien implacable entre taux de chômage et vote extrémiste. Les élections européennes n'ont pas dérogé à cette règle. Leur résultat doit nous pousser à plus d'Europe. Une claque, sûrement. Un séisme, peut-être. Une surprise, certainement pas.

Ce qui s'est passé dimanche dans les urnes européennes était tristement prévisible. Cela aurait même pu se passer plus tôt (1). Il y a dix-huit mois, les économistes de Credit Suisse avaient décortiqué le lien implacable entre taux de chômage et vote pour les partis extrémistes. L'an dernier, la patronne du FMI, Christine Lagarde, avait prévenu à plusieurs reprises : la fatigue politique de la crise économique constitue la plus grande menace planant sur le projet européen. En février, l'économiste en chef de l'OCDE, Pier Paolo Padoan, devenu depuis ministre de l'Economie en Italie, expliquait que « la fatigue de la réforme pourrait être exacerbée par la consolidation budgétaire ».

Après sept années de vaches maigres, les Européens n'en peuvent plus de cette Europe en crise. Jusqu'à présent, ils ne l'avaient pas exprimé clairement lors des scrutins nationaux, se contentant de faire basculer le pouvoir du côté de l'opposition parlementaire - sauf en Allemagne, le pays qui se sort le mieux de la crise. Cette fois-ci, ils l'ont dit avec force, en votant massivement pour des partis atypiques lors des élections européennes. Des partis qui ont en commun deux caractéristiques, et seulement deux : le rejet de l'Europe et la peur de l'autre. Et si ce vote protestataire a été particulièrement vigoureux en France, c'est parce que ce pays est à la remorque. En retard sur la réforme, sur la sortie de crise, sur la préparation de l'avenir. A cet égard, la comparaison avec le Royaume-Uni est éclairante. Comme celle avec les événements des années 1930… Lire la suite.

Note :

(1) « De la crise économique à l'extrémisme politique », dans « Les Echos » du 17 décembre 2012.