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À la merci des jihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) depuis une semaine, Mossoul, deuxième ville d’Irak, connaît un exode sans précédent de ses habitants. Parmi les 300 000 à 500 000 personnes ayant déjà fui la ville se trouvaient quelques milliers de chrétiens.
Ils étaient 35 000 à habiter la ville en 2003, à la veille de l’invasion américaine en Irak. Onze ans après, seuls 10% d’entre eux sont restés à Mossoul. Aujourd’hui, « il n’en reste probablement plus aucun », selon Mgr Amel Shimon Nona, archevêque chaldéen de Mossoul, contacté mercredi dernier par l’association AED (Aide à l’Église en Détresse).
Près de 70% de chrétiens en moins depuis 2003
L’offensive menée par les insurgés islamistes au nord et à l’est de l’Irak, dans la province pétrolière de Ninive et de Salaheddine, menace directement les minorités chrétiennes d’Irak.
« L’EIIL compte en effet instaurer la charia – la loi islamique – de manière radicale dans ces villes et mener un certain nombre d’attaques et d’opérations, dont certaines ont déjà fait des centaines de morts et se sont souvent traduites par la destruction des lieux de culte des minorités chrétiennes », rappelle Myriam Benraad, politologue spécialiste de l’Irak, interrogée. Le nombre de chrétiens en Irak, minorité dont l’identité fait partie de l’histoire et de la géopolitique irakiennes depuis 2000 ans, s’est réduit comme peau de chagrin depuis l’invasion menée par les États-Unis en 2003. S’ils étaient plus d’un million à la veille de la guerre, dont plus de 600 000 présents à Bagdad, la capitale irakienne, ils sont aujourd’hui moins de 400 000 dans tout le pays – certains évoquent le chiffre de 250 000.
Exode
Divisés en multiples communautés – syriaques, chaldéens, arméniens, orthodoxes... – les chrétiens d’Irak ont fui les persécutions, créant d’importants déplacements de populations à l’intérieur de l’Irak et hors des frontières, notamment après les affrontements communautaires entre chiites et sunnites entre 2006 et 2007.
Une partie a émigré à l’étranger, dans les pays arabes voisins, certains se réfugiant au Kurdistan, province autonome du nord de l’Irak, au Liban, en Jordanie ou en Syrie.
Depuis 2011 et le retrait des troupes américaines, le sort des chrétiens s’est encore dégradé. « L’État irakien est complètement corrompu et ne défend pas les chrétiens », confie à JOL Press Layth Abdulamir, réalisateur franco-irakien auteur d’un documentaire sur les chrétiens d’Irak. « Les chrétiens veulent vivre en paix, mais restent muets, sans manifester leurs droits, parce qu’ils ont peur et savent très bien qu’ils ne peuvent rien faire », ajoute le cinéaste… Lire la suite.