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Assurément. Les Arabes de Palestine passent leur temps depuis près d'un siècle à surenchérir les uns sur les autres, quant au Premier ministre israélien, les dernières élections au sein de son parti, le Likoud, ont porté aux premières places des politiciens plus à droite qu'il ne l'aurait lui-même souhaité.
Ceci étant clairement posé, M. Frachon aurait pu prolonger sa réflexion jusqu'à remarquer que le président Obama avait manqué une occasion unique de pouvoir, au début de son mandat, tordre efficacement les bras des deux ennemis, en se consacrant uniquement sur le bras Israélien lors d'un discours du Caire unilatéralement islamophile ou de condamnations de constructions à Jérusalem. En oubliant le bras adverse.
Quatre ans plus tard, le parrain américain regrette cette distraction qui a permis -ou obligé- la partie arabe à poser des conditions préalables à toute reprise des négociations.
Quatre ans plus tard, l'administration américaine a fini par comprendre que l'obstacle principal, dans l'esprit israélien, repose sur l'ambivalence d'une autorité palestinienne qui se refuse toujours à reconnaître l'État d'Israël, en tant qu'État juif, conformément à la déclaration de partage de 1947.
C'est dans cette méfiance existentielle et obsidionale, compréhensible à qui veut bien comprendre, que l'on doit interpréter le ressentiment de Jérusalem. Israël constate que ceux qui le pressent à s'engager dans de nouveaux accords et qui se proposent de garantir ceux-ci, ont, cette semaine, apporté leur voix à une résolution présentée unilatéralement par l'Autorité palestinienne, en violation des accords d'Oslo -qu'ils ont garantis- et qui prohibent toute initiative non négociée.
À ceux qui m'objecteraient les implantations controversées, j'objecte d'avance que lesdits accords ne les interdisent pas, en l'absence de frontières reconnues, que, précisément, la négociation doit fixer définitivement.
Il va sans dire que je suis sans illusion sur la portée de ces objections juridiques auprès d'un large public nourri dès le berceau au lait d'une idéologie palestiniste dont les mamelles d'où il sort sont l'une anti-occidentale, l'autre, xénophile.
Dès lors, les remarques factuelles que je pourrais faire sur la complaisance de l'Autorité palestinienne à l'égard du terrorisme de son frère ennemi islamiste du Hamas ou de l'antijudaïsme qui continue de sévir dans toute la Palestine, et qui n'inspirent guère au peuple israélien la confiance requise pour s'engager plus avant, se heurteront toujours au déni de l'irritante réalité.
François Hollande, le mois dernier, avait corroboré ce qui précède en disant préférer la voie de la négociation aux initiatives unilatérales déraisonnables. Mais l'idéologie de ses deux partenaires rouge et vert, sans parler de sa clientèle, aura été, une nouvelle fois, plus forte que la raison.
Dans ce contexte, en vrac, quelques informations que n'aura pas relatées la presse française idéologisée sans le savoir :
- elle ne relatera pas le sort fait samedi à ces dix chrétiens égorgés par des islamistes dans le nord du Nigéria.
- elle ne racontera pas l'acte de Yael, cette femme israélienne de 39 ans, résidente du village de Sde Avraham, qui a réussi à chasser un terroriste palestinien qui a fait irruption dans sa maison et l'a menacée avec un couteau et une barre de fer. Le public français ignorera qu'elle a lutté longuement avec celui-ci pour protéger ses quatre enfants avant de le faire fuir.
- Le public français ignorera aussi l'histoire de cette autre femme qui a prénommé son fils Jihad parce que celui-ci est né un 11 septembre et qui vient de l'envoyer dans une école d'Avignon avec un T-shirt sur lequel est imprimé, d'un côté : « je suis une bombe » et de l'autre : « Jihad, né le 11 septembre ».
- Pas davantage, la presse hexagonale ne s'appesantira sur les déclarations de l'acteur Gérard Jugnot à la télévision Suisse Romande, et dans lesquelles celui-ci vitupère l'art subventionné et la politisation du service public de l'audiovisuel français (Enquête et débat du 30 novembre).
Tant il est vrai que la décérébration des esprits par l'idéologie au pouvoir se cache plus dans la réalité qu'elle dissimule que dans celle qu'elle déforme.
En Syrie, les massacres se poursuivent dans l'indifférence totale.
En Égypte, le nouveau pharaon n'a pas renoncé à priver le pouvoir judiciaire de tout droit de regard sur les actes de gouvernement des frères musulmans.
Au Qatar, un poète vient d'être condamné à la prison à perpétuité pour avoir osé critiquer l'émir.
Ni Al-Jazira, ni la télévision française ne s'en sont émus.
Sur les raisons de ce silence d'or, je laisse le lecteur arbitrer entre l'idéologie xénophile et le pouvoir de l'argent.
« Printemps arabe » est devenu la blague la plus courte de la saison.
Gilles William Goldnadel©