Tribune
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Publié le 6 Juin 2013

Des Musulmans sionistes réunis à Jérusalem pour lutter contre l’antisémitisme

Par Faouzi Ahmed pour le Monde Juif

 

Un petit nombre de Musulmans mais de plus en plus actif, rejette le discours de haine radicale et lutte contre l’antisémitisme dans le monde musulman. Dans le récent Forum mondial pour la lutte contre l’antisémitisme qui s’est tenu cette semaine à Jérusalem, Itamar Marcus, le directeur de Palestine Media Watch et le Dr Boaz Ganor avaient organisé une table ronde avec des militants musulmans rejetant activement toute rhétorique de haine contre Israël.

Deux des conférenciers du groupe comprenaient Kasim Hafeez, un musulman britannique membre du conseil consultatif de Stand With Us anglais et le révérend Majed El Shafie, un défenseur égyptien des Droits de l’homme.

 

« Quand les gens disent que l’antisémitisme existe dans le monde musulman à cause d’Israël, c’est tout simplement une excuse», a dit Kasim Hafeez, né en Grande-Bretagne dans une famille musulmane pakistanaise.

 

« Lorsque j’étais étudiant à l’université, j’assistais à des rassemblements anti-israéliens radicaux à Trafalgar Square. J’étais à Londres, au milieu d’une capitale européenne – scandant «Mort à Israël».

 

Kasim Hafeez compare ces rassemblements avec le Ku Klux Klan. «Un rallye Al-Qods Day à Londres équivaut à un rassemblement KKK aux États-Unis» a-t-il souligné.

 

Hafeez raconte qu’il a commencé à changer d’idée quand il a lu, The Case for Israel par Alan Dershowitz. Hafeez explique qu’il a lu le livre pour apprendre à l’époque, en fait, à déconstruire davantage la « propagande sioniste ». « Mais j’ai commencé à voir, au fil des pages, que je ne pouvais plus supporter mes convictions parce que je n’avais pas de réponses aux arguments donnés pour et sur Israël», explique-t-il. «J’ai trouvé que la doctrine islamique radicale dans laquelle j’ai grandi et ma propre croyance dans le djihad violent ne pouvaient plus supporter la vérité ».

 

Ce constat a incité Hafeez à visiter Israël. « J’ai un peu espéré que la visite en Israël serait une expérience négative, qu’elle me permettrait de revenir à mes anciennes croyances », a déclaré Hafeez. Mais la visite a été révélatrice, dans le sens contraire de ses premières croyances et affirmant ses premiers doutes positifs sur Israël. Plus que troublé, Hafeez a déclaré qu’il est tombé amoureux d’Israël au cours de son premier voyage et que la réalité d’Israël n’était pas celle qu’on avait voulu lui faire croire. «Il est difficile de ne pas soutenir Israël», dit Hafeez, qui a récemment participé au Marathon de Jérusalem. «J’ai rencontré des Israéliens qui n’étaient pas anti-arabes ou anti-islam et j’ai vu que ce n’était pas un État d’apartheid ».

 

Soutenir Israël n’est pas facile dans le milieu musulman et ses amis ont isolé Hafeez. « Un Musulman d’origine britannique, d’origine pakistanaise, et auto-proclamé musulman sioniste, c’est loin d’être d’être facile en Angleterre ». Marginalisé par sa communauté et sa famille, Hafeez, a déclaré dans une conférence qu’il se sentait plus à l’aise en Israël qu’ailleurs, et a ajouté : « je suis fier de moi-même, un sioniste musulman, le jour ou j’ai arrêté de détester Israël et de voir la réalité sur le terrain »

 

Hafeez organise de nombreuses conférences sur les campus universitaires à travers le Royaume-Uni sous le thème : « Confessions d’un ex-radical ». Dans une interview au Telegraph, Hafeez a déclaré : «Il ne s’agit pas d’être pro-israélien ou pro-vérité, je veux juste dire les faits et faire entendre qu’Israël est un État démocratique et que les Musulmans en Israël ont plus de droits que la plupart des Musulmans dans le monde arabe » et d’ajouter : « C’est la réalité du conflit réel. Au Royaume-Uni, la plupart d’entre nous ne peut pas influencer ce qui se passera en Israël, nous ne pouvons pas arrêter la chute des roquettes depuis Gaza ou forger un processus de paix, mais nous pouvons aborder et combattre la délégitimation et la diabolisation d’Israël ».

 

Majed El Shafie Rev, le fondateur d’One Free World International (OFWI), une organisation de premier plan qui préconise pour les minorités religieuses dans le monde, fait écho à des sentiments similaires. Musulman converti au christianisme, il a trouvé l’asile politique au Canada et estime que le silence des Musulmans modérés est plus dangereux que la montée des extrémistes.

 

«Ils [les musulmans modérés] doivent prendre la parole», explique le pasteur El Shafie. « L’antisémitisme est le problème de tous. (…)La minute où nous cessons de lutter pour l’autre, nous perdons notre humanité », a-t-il ajouté.

 

Le révérend El Shafie déclare qu’il y a deux choses qui ne peuvent être remises en cause sur l’État juif : «Lorsque le droit d’Israël à exister et le droit d’Israël à se défendre, sont remis en question, alors une ligne est franchie » ajoutant : «Le nouvel antisémitisme d’aujourd’hui, c’est la haine d’Israël ».