Tribune
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Publié le 18 Octobre 2013

Dies Irae, un groupuscule traditionaliste et l’antisémitisme crasse

Par Marc Knobel

 

« À l'extrême-droite du Père », diffusé sur France 2 dans le cadre du magazine d'investigation Les Infiltrés, le 27 avril 2010, portait sur Dies Irae, une association française catholique traditionaliste de la région bordelaise, fondée par Fabrice Sorlin, ancien candidat du Front national dans la septième circonscription de la Gironde lors des législatives de 2007. En caméra cachée, les journalistes Rémy Langeux et Matthieu Maye –des pseudos- y montraient l’endoctrinement de ce groupuscule et certaines personnes filmées y tenaient des propos racistes, antisémites, voire négationnistes. Selon l'émission de France 2 et le site Rue89 du 29 avril 2010, Dies Irae serait soutenu par l'abbé traditionaliste Philippe Laguérie, supérieur de l’Institut du Bon-Pasteur, et officiant à l’église Saint-Éloi de Bordeaux depuis la cession de cette église à l’Institut par la mairie de Bordeaux en 2002. Les journalistes publient aujourd’hui un livre (« Voyage au cœur d’une France fasciste et catholique intégriste », Le Cherche Midi, 336 p. 18euros), récit détaillé de leur plongée en eaux troubles dont l’Express du 16 octobre 2013, pp. 124-126, publient quelques feuilles. Les extraits publiés sont terribles, monstrueux. Et l’antisémitisme crasse y coule à flot.

 

Extrait :

 

(Un collégien se lance dans une diatribe antisémite)

 

« Si on m’apprend que les six millions de juifs sont réellement morts, moi, je dirai « C’est cool ». Il y en a six millions de moins et je m’en réjouirai. Je dirai « Tant mieux », j’espère même qu’il y aura une troisième guerre mondiale pour finir de les éliminer. Car si, pour la Première Guerre mondiale, il n’y a pas eu de morts juifs, si pour la Seconde Guerre mondiale, il y en eut six millions, alors, pour la troisième guerre mondiale, il y aura dix-huit millions de juifs morts. Après ça, même s’il en reste un pour sauver sa race, eh bien, il n’y arrivera pas. Car tout seul, même un juif, il ne peut pas se reproduire. Je lui souhaite bien du courage à celui-là…

 

Le reste de la classe rigole. La démonstration continue.

- Les chambres à gaz n’ont pas existé. Pas nécessaire. Les juifs, on les a directement cramés.

- Tu n’as pas répondu à ma question. Pourquoi tu n’aimes pas les juifs ?

- Les Juifs ? Relis l’Évangile de dimanche, bordel ! Il est dit que les juifs sont des scélérats. Et c’est Jésus-Christ qui dit ça.

- C’est parce que c’est marqué dans la Bible que tu ne les aimes pas ?

- Voilà c’est ça. Hitler m’a volé mes idées. Il a fait la Seconde Guerre mondiale avant moi… Il m’a privé du plaisir de gazer six millions de Juifs (…) …

 

À tous ceux et à toutes celles qui se répandent en infamie et dont la haine est le seul moteur, le seul support, la seule folie, nous voulons opposer une parole de sagesse, de bonté et d’amour. Une parole chrétienne particulièrement éminente, particulièrement forte, particulièrement belle : celle de l’actuel Pape François.

 

Lors d’un discours prononcé quelques jours avant les célébrations du 70ème anniversaire de la déportation des juifs de Rome vers Auschwitz, le Pape François a exhorté à la vigilance contre toute résurgence de l’antisémitisme : « C’est une contradiction qu’un chrétien soit antisémite. Ses racines sont un peu juives. Un chrétien ne peut pas être antisémite ! Que l’antisémitisme soit banni du cœur et de la vie de tout homme et de toute femme ! », a déclaré le pape François qui a reçu, le vendredi 11 octobre, au Vatican, une trentaine de représentants de la Communauté juive de Rome (1).

 

« J’espère contribuer, ici, à Rome, a poursuivi le Pape, en tant qu’évêque, à cette proximité et à cette amitié, comme j’ai eu la grâce – parce que cela a été une grâce – de le faire avec la communauté juive de Buenos Aires. Parmi les nombreuses choses qui peuvent nous lier, il y a le témoignage à la vérité des Dix Paroles, le Décalogue, comme fondement solide et source de vie aussi pour notre société, si désorientée par un pluralisme extrême des choix et des orientations, et marquée par un relativisme qui conduit à ne plus avoir de points de référence solides et sûrs (cf. Benoît XVI, Discours à la synagogue de Rome, 17 janvier 2010, nn. 5-6). »

 

L'amour triomphera de la haine.

 

Note : http://www.zenit.org/fr/articles/un-chretien-ne-peut-pas-etre-antisemite-declare-le-pape-francois