Tribune
|
Publié le 16 Janvier 2014

Dieudonné: fermeté et apaisement

Par Richard Malka, Avocat spécialiste du droit de la presse

 

Ma plume n'est pas objective. Elle est à l'origine du signalement au parquet de Paris, le 20 décembre dernier, au nom de Radio France, des dérapages de Monsieur Dieudonné M'bala M'bala regrettant, sous les rires glaçant de son public, la disparition des chambres à gaz et suggérant sa déception qu'un journaliste ayant osé le critiquer n'y finisse pas. L'affaire Dieudonné a, depuis, hystérisé le pays, trop pour certains, s'agissant d'un sujet insignifiant, éloigné des préoccupations sociales de nos concitoyens, à juste titre pour d'autres, les idées pouvant détruire une nation plus certainement que des difficultés économiques. Il se trouve que la France est un pays d'idées et que les débats intellectuels et politiques sur des questions principielles y sont d'une férocité singulière. En 1894 aussi il devait bien exister des difficultés économiques et le pays se déchira pourtant sur le sort du capitaine Dreyfus. Ne le regrettons pas ou renonçons à notre exception culturelle.

Si nous en restions là - interdiction, nouveau spectacle- un petit tour de débat et puis s'en va sur d'autres polémiques, alors tout cela aura été vain et inutilement destructeur. Si avec le temps de l'apaisement ne vient pas celui de la réflexion, à quoi bon se déchirer? Qui peut penser que ce que révèle cette affaire est réglé? Que l'enjeu portait sur la personne de l'ancien comique plutôt que sur son public? Qu'il n'y a pas un malaise sombre et profond -à défaut, pourquoi interdire son spectacle? La démocratie aurait pu digérer ce mauvais aliment sans avoir recours à une médecine radicale -auquel il faut répondre par l'intelligence et la main tendue à ceux qui n'ont plus beaucoup de repères, mais auxquels il serait bon d'en redonner avant de devoir les traiter de nazis, ce dont on peut douter de la valeur pédagogique… Lire la suite.