Tribune
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Publié le 31 Décembre 2013

D'où vient la «quenelle» de Dieudonné

Par Julien Licourt

 

Le geste dit de la quenelle, Dieudonné assure le faire depuis dix ans. Il est désormais devenu indissociable du personnage qu'il s'est créé. Il y a dix ans, en 2003, c'est l'époque où Dieudonné provoque l'un de ses premiers scandales à caractère antisémite. Sur France 3, il y apparaît vêtu d'un treillis, en cagoule, avec des papillotes et un chapeau de juif orthodoxe sur la tête. À la fin du sketch, il lève le bras et lance: «IsraHeil!». Ce sketch entraîne une vive polémique. «C'est le moment où il bascule, explique l'historien Stéphane François, de l'université de Valenciennes, spécialiste des contre-cultures et de l'extrême droite. Dieudonné a un problème identitaire, il se réfère alors à des groupes radicaux racialistes américains noirs, comme, par exemple, la Nation de l'Islam, pour expliquer que les Juifs ont eu des parts dans la traite négrière. À ce moment-là, une fracture se crée chez lui, il glisse dans le conspirationnisme.»

Il disparaît peu à peu des écrans des médias, ses représentations dans certaines salles de spectacles sont interdites. L'humoriste est obligé de se produire dans un bus.

 

En parallèle, il élabore une véritable contre-culture. Loin des grands médias, elle s'épanouit sur Internet. Dans cet univers qui lui est propre, on trouve la quenelle, dont on peut voir l'une des premières représentations en public dans un spectacle portant sur la laïcité, en 2005. «Le dauphin, maintenant, quand il voit un homme, il se fout de notre gueule. Bien sûr. Parce qu'il le sait que sa nageoire il va nous la foutre jusque-là...» Dieudonné fait alors le geste de la quenelle… Lire la suite.