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Mais pas seulement. La détermination à répondre à l'attaque chimique qui a eu lieu le 21 août dans la banlieue de Damas s'appuie aussi, à Paris en tout cas, sur la nécessité de lutter contre la prolifération des armes non conventionnelles. «Si on ne réagit pas aujourd'hui, on autorise la banalisation, à moyen terme, de l'utilisation des armes chimiques. L'inaction créera un précédent, et pas seulement pour la Syrie», assure Jean-Yves Le Drian au Figaro. Plusieurs pays au comportement belliqueux, comme la Corée du Nord, possèdent en effet des arsenaux chimiques.
Réaction en chaîne
Ce faisant, les autorités françaises dressent, en creux, un parallèle avec le dossier iranien. Le conflit qui oppose depuis plusieurs années Téhéran à la communauté internationale, qui tente par tous les moyens d'empêcher la naissance de la bombe atomique iranienne, n'a pas le caractère d'urgence de la crise syrienne. Mais tous ceux qui s'opposent, de Washington à Tel-Aviv en passant par Paris et Londres, aux avancées du programme nucléaire iranien, avancent comme principal argument les dangers de la prolifération. Un Iran nucléarisé risquerait d'entraîner une réaction en chaîne dans la région, où des pays comme l'Arabie saoudite, l'Égypte ou la Turquie pourraient décider de lancer - ou de relancer - leur programme pour contrer la puissance régionale iranienne.
La multiplication des pays nucléaires au Moyen-Orient finirait, redoutent les spécialistes, par annuler l'effet stabilisateur parfois procuré par la dissuasion. Une telle situation ferait aussi, en raison de l'instabilité régionale, courir le risque que l'arme atomique tombe un jour aux mains de groupes terroristes ou d'acteurs non étatiques.
Ce qui vaut pour le nucléaire vaut aussi pour les autres armes de destruction massive, comme le chimique ou le bactériologique. «Il est plus facile d'utiliser des armes chimiques que des armes nucléaires. Il s'agit donc d'une question de sécurité nationale», poursuit le ministre de la Défense.
L'argument brandi par Paris permettrait en outre de mener une communication plus efficace, sur le dossier syrien, vis-à-vis des opinions publiques. Car il vaudrait «quel que soit l'utilisateur». Or, si la guerre au Mali a été massivement soutenue par les Français, c'est parce que ses objectifs, comme les dangers que faisaient courir les groupes armés islamistes pour la sécurité de la France, étaient clairement exposés et compris.
Rien de tel en Syrie, où les cartes, au contraire, sont brouillées: le régime de Bachar el-Assad est jugé infréquentable, mais l'opposition, infiltrée par des groupes islamistes, effraie tout autant. Mettre l'accent sur les dangers de la prolifération pourrait ainsi permettre - le temps de l'intervention en tout cas - de sortir de ce cercle vicieux.