Tribune
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Publié le 10 Avril 2014

Encore une fois, on a oublié les chrétiens d’Orient

Tribune d’Isabelle de Gaulmyn publiée dans la Croix le 7 avril 2014

La décision prise par le musée du Louvre d’abandonner le projet de département « consacré aux arts des chrétientés d’Orient, des empires byzantins et slaves » peut se comprendre : en période de disette budgétaire, il semblait sans doute peu opportun de créer un département nouveau, qui aurait empiété sur les départements classiques du musée, et sans doute remis en cause certaines baronnies…

Contrairement au British Museum

Il n’empêche. Cet abandon est regrettable, et pas seulement pour les spécialistes de Byzance qui ne disposeront pas en France, contrairement à ce qui se passe à Londres au British Museum ou au Bode Museum de Berlin, d’un interlocuteur unique permettant de faire avancer la recherche en la matière.

Alors qu’ en Turquie on rase les cimetières arméniens ou syriaques, et qu’en Syrie, c’est tout le patrimoine chrétien qui est bombardé, détruit, ou pillé dans l’indifférence la plus générale, l’enterrement peu glorieux de ce projet visant à mieux mettre en valeur la civilisation chrétienne d’Orient laisse un goût amer.

Complémentaire au département des arts de l’islam

Il y a plus que le patrimoine. La décision de constituer un ensemble autour de la civilisation byzantine avait été prise au moment où le Louvre créait un département des arts de l’Islam. Il s’agissait alors de rappeler que cette région de l’est du bassin méditerranéen n’avait pas que des racines exclusivement musulmanes, et que des religions diverses avaient pu y cohabiter, prospérer, et s’influencer réciproquement. L’ignorer est tout aussi stupide que de visiter Istanbul en oubliant que l’histoire a commencé ici bien avant 1453 (chute de Constantinople), et que la plupart des mosquées sont édifiées sur d’anciennes églises… Lire la suite.