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Lors du dernier incident l’impliquant, Facebook a rejeté plusieurs plaintes déposées contre des cas manifestes de discours de haine raciste. Dans l’un des cas, une image du sourire d’Anne Frank est recouverte avec le texte «Qu'est-ce qui brûle? Oh, c'est ma famille ». Un autre post est celui d’une touche de clavier d'ordinateur portant la mention «Supprimer Israël » et illustré par le texte : « La touche dont nous avons tant besoin ». D'autres cas des propos négationnistes et de discrimination raciale. Chacun de ces cas a été signalé à Facebook, et chacune de ces plaintes a été suivie de la même décision de ne pas supprimer les posts, avec l’impossibilité pour les plaignants de faire appel.
Ces révélations indiquent que le problème initial de l’incapacité de Facebook à maîtriser suffisamment rapidement les contenus générés par les utilisateurs a fait place à un problème plus gave, celui d'un antisémitisme institutionnel. La loi britannique définit le racisme institutionnel comme «l'échec collectif d'une organisation à fournir un service approprié et professionnel à des personnes en raison de leur couleur, de leur culture ou de leur origine ethnique. Il peut être vu ou détecté dans les processus, les attitudes et les comportements qui constituent une discrimination par préjugé involontaire, l'ignorance et les stéréotypes racistes qui défavorisent les minorités ethniques des personnes ». Que ce soit par préjugé actif ou tout simplement par ignorance, l'incapacité de Facebook à évaluer correctement les contenus antisémites est devenue discriminatoire à l'égard des Juifs.
Et nous ne sommes pas les seuls. Facebook a récemment été impliqué dans un litige prolongé avec les autorités australiennes, les organisations de défense des droits de l'homme et plusieurs organismes gouvernementaux de réglementation sur le contenu raciste, à cause de posts ciblant les Aborigènes d'Australie. Les régulateurs sont allés jusqu’à la classification de ces contenus comme illégaux en Australie et Facebook a finalement bloqué leur accès, mais uniquement aux utilisateurs en Australie…
Ayant été personnellement visé par trois faux profils et trois pages antisémites qui ont utilisé ma photo, qui ont tous été retirés, il me semble que Facebook réagit quand une personne est attaquée, mais pas quand un groupe est attaqué. Cette distinction n'est pas compatible avec le sens du discours de haine, un terme conçu pour protéger les groupes minoritaires contre la diffamation de groupe ainsi que les individus contre des attaques personnelles parce qu’ils sont membres d’un groupe…
Pour l'instant, tout ce que nous pouvons faire, c'est demander un changement. Nous pouvons demander que les pages antisémites soient supprimées. Nous pouvons exiger que les utilisateurs responsables de ces pages soient exclus de Facebook de façon permanente et pas seulement suspendus pour un jour ou deux. Nous pouvons demander à Facebook d’améliorer ses systèmes de surveillance et d’ajouter un système d'audit pour assurer la qualité de sa gestion des plaintes. Nous pouvons exiger la possibilité de faire appel. Ces demandes doivent être faites.
Le Dr André Oboler est le PDG du Online Hate Prevention Institute, une ONG basée en Australie qui lutte contre la haine sur Internet. Il est également co-président du groupe de travail sur antisémitisme en ligne du Forum mondial pour la lutte contre l'antisémitisme.