Tribune
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Publié le 16 Mai 2014

Grèce : crise, victimisation... Comment Aube dorée prospère encore

Tribune de Jean-Baptiste Naudet publiée dans le Nouvel Observateur le 15 mai 2014

Accusée d'être impliquée dans la mort d'un rappeur, la formation d'extrême droite continue néanmoins de progresser. Sur fond de crise économique.

Les analystes donnaient Aube dorée pour mort. Ils ont eu tort. Après l'arrestation en septembre 2013 de la direction du Parti pour "participation à une organisation criminelle" et son implication présumée dans l'assassinat d'un rappeur d'extrême gauche, cette formation d'extrême droite, à tendance néonazie, a survécu.

Pire : malgré six députés en détention provisoire (dont le chef du parti) et trois autres eux aussi inculpés, mais en liberté surveillée, le parti pourrait même encore progresser. Après avoir réuni, à la surprise générale, 7% de voix aux élections de 2012, surgissant du néant, faisant une entrée fracassante au Parlement avec 18 députés (sur 300), Aube dorée est aujourd'hui créditée de près de 8% des intentions de vote aux élections européennes du 25 mai. Et les néonazis grecs pourraient même atteindre et dépasser les 10%, selon certains sondages confidentiels.

Le troisième parti grec

Aube dorée reste donc le troisième parti de Grèce, après Syriza (gauche radicale) et la Nouvelle Démocratie (droite). Pendant que l'électorat de gauche, traditionnellement fidèle au Pasok (parti socialiste) déserte en masse cette formation historique pour voter pour le parti d'extrême gauche Syriza, celui de droite quitte lentement la Nouvelle démocratie pour Aube dorée.

Certes, le parti, dont le symbole rappelle une croix gammée, sent le soufre. Le Front national français et ses alliés "nationalistes" européens n'entendent pas former un groupe avec les élus d'Aube dorée au Parlement européen. S'associer aux néonazis grecs irait à l'encontre de la stratégie de "normalisation" du FN de Marine Le Pen. Mais en Grèce même, Aube dorée garde beaucoup de fidèles… Lire la suite.