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La censure a commencé il y a une dizaine de jours, lorsque les autorités ont évincé un réseau d’information colombien, NTN24 du réseau câblé vénézuélien, et ont rappelé simultanément que les chaînes de télévision pourraient être en violation d’une loi qui leur interdit d’inciter ou de promouvoir à la haine de susciter l’inquiétude des citoyens ou d’altérer l’ordre public. Les internautes vénézuéliens ont par ailleurs perdu leur connexion à une plateforme généraliste de diffusion de contenus, EdgeCast, sans qu’ils n’aient pu obtenir une explication officielle, ni de la part du gouvernement, ni de celle du fournisseur nationalisé CANTV.
Quant à Twitter, il a dû être reconfiguré, à la suite de nombreuses plaintes, pour continuer de fonctionner en pointant sur une autre adresse IP. Twitter a conseillé à ses utilisateurs vénézuéliens de fonctionner par SMS, en prévision d’autres interruptions de l’Internet.
Il y a quelques mois, le gouvernement vénézuélien s’est préparé à un suivi et un blocage plus systématiques des communications en ligne en créant le CESPPA (Centre stratégique pour la sécurité et la protection du pays»). Parmi ses énormes pouvoirs, le CESPPA peut unilatéralement classer et censurer toute information qu’il considère comme une menace pour la sécurité nationale. Maintenant, sa structure comprend deux nouvelles directions : la Direction des sciences de l’information et de la technologie, qui sera en charge du «traitement et l’analyse des informations sur le web, et la Direction de la recherche sociale, visant à «neutraliser et vaincre les plans de déstabilisation contre la nation « . À l’annonce de sa création en octobre dernier, le CESPPA avait été perçu comme une attaque inconstitutionnelle à l’égard de la liberté de la presse. Avec ses nouvelles attributions, il est clair qu’il aura également toute latitude pour surveiller et contrôler toutes les communications en ligne au motif de la défense de l’État.
Contre toutes ces atteintes à la liberté d’expression sur internet, les informaticiens vénézuéliens s’organisent pour diffuser des informations sur les méthodes de contournement de la censure gouvernementale via le compte Twitter @accesolibreve.
Les autorités vénézuéliennes peuvent bien prétendre que leur ingérence dans la communication sur Internet est une tentative de » vaincre la déstabilisation», mais les résultats ont jusqu’ici montré le contraire. Le gouvernement est en train de saper sa légitimité à l’étranger et auprès de ses propres citoyens.
Claude Sadaj
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