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Si ces filons ne sont pas vérifiables, car pour le faire, il faudrait pouvoir enquêter librement en Syrie, dans les zones libanaises de non-droit tenues par le Hezbollah, et même en Iran, on peut essayer d’y voir clair en effectuant des recoupements.
Cela nous permet, par exemple, de confirmer qu’il y a bien eu une explosion sur le site perse de Fordow, une attaque aérienne visant un centre syrien de fabrication d’armes de destruction massive dans la banlieue de Damas, une autre ayant anéanti un convoi d’armes près de la frontière libanaise, et une troisième, qui a pulvérisé un nœud de communications au service des Iraniens et du Hezbollah, à Abbassye – à 8km à l’est de la ville de Tyr, et à 25km, plein ouest de Metula.
Abbassye est un fief chiite, d’où est d’ailleurs originaire l’épouse de Hassan Nasrallah, le commandeur du Hezbollah, dans lequel les Pasdarans paradent sans soucis dans leurs uniformes iraniens.
La télévision de Béchar al Assad s’entête encore, quant à elle, à présenter les raids contre le convoi et contre l’usine d’armements comme s’il s’agissait de la même cible, ce, alors que les deux sites sont distants de plus de quarante kilomètres.
L’intention du régime de Damas consiste à minimiser la perméabilité de ses défenses face aux opérations aériennes de Jérusalem, dans le sens de : une faille oui, deux ou plus, non.
Au niveau de la propagande, même s’il est permis d’en douter, cela peut avoir un sens, mais d’un point de vue militaire, ça n’en recèle guère.
En revanche, ces deux raids en Syrie nous permettent de conclure, avec une certitude absolue, que l’armée de l’air israélienne maîtrise parfaitement les contre-mesures électroniques lui permettant d’arpenter le ciel syrien sans mettre en péril ni la santé de ses pilotes ni la plénitude de son matériel.
Nous étions déjà parvenus à la même constatation suite au raid contre le réacteur atomique que construisaient des ingénieurs coréens en 2007 à Deir ez-Zor.
Dans les deux cas, ce n’est pas que les radars et les missiles de la népotie alaouite ont manqué les chasseurs-bombardiers à l’étoile de David, c’est, plus radicalement encore, qu’ils ne les ont pas vus.
À ces deux "incidents", on peut ajouter des dizaines d’incursions d’observation hebdomadaires dont personne ne parle. Nous nous permettons de les mentionner, car les appareils passent à proximité de la rédaction, laissant derrière eux un panache blanc en guise de signature. Or des milliers d’habitants de la région ont la possibilité de voir quel territoire ils survolent et cela constitue donc un secret de polichinelle.
On se situe ainsi en plein conflit high-tech, et la nature de l’objectif visé et détruit à Abbassye en témoigne. Cette semaine, la presse a évoqué l’hypothèse selon laquelle des hackers œuvrant pour la "République" islamique seraient parvenus à neutraliser pendant cinq heures les activités de l’opérateur de téléphonie mobile Pelephone, ainsi que le site du ministère israélien des Transports.
Même si, à l’instar de la direction de Pelephone, nous doutons qu’il se soit agi d’un acte de sabotage, il reste clair que les tentatives visant à s’introduire dans les systèmes électroniques névralgiques de l’ennemi occupent actuellement l’avant-scène de la guerre à peine feutrée que se livrent Téhéran et Jérusalem.
Prendre le contrôle – on en a eu la preuve avec Stuxnet et d’autres virus informatiques – de la distribution d’électricité, de l’eau, des centraux téléphoniques, de la production pétrolière, ou les mettre hors d’état de fonctionner est devenu tout aussi important que la destruction d’un objectif stratégique avec des bombes.
Il est également possible de dérégler ou de réduire au silence les centres commandant au lancement des missiles, de la défense aérienne, comme on vient encore de l’observer en Syrie, ce, afin d’ouvrir la voie à une activité militaire face à un adversaire aveuglé, et donc rendu incapable de se défendre.
Il est clair que les Iraniens sont très en deçà dans ces domaines sur les Israéliens et les Américains, qui sont, avec les Russes, les champions du monde de la cyberguerre ; mais il serait téméraire d’imaginer qu’ils sont manchots dans ce registre et qu’ils ne tentent pas de refaire leur retard.
Dans la région de Tyr, à l’orée de la zone en principe contrôlée par les contingents de l’ONU, et à un jet de Katioucha d’Israël, il ne fait pas de doute que les électroniciens perses s’employaient à observer, voire à contrer les activités de l’État hébreu en matière de brouillage et de communication. Ne restait que la manière forte pour mettre un terme à ces activités ; l'armée de l'air s’en est chargée dans la nuit de dimanche à lundi.
Nous avons observé que le Hezbollah a nié que cette attaque avait eu lieu. Mais tout de suite après qu’elle "ne se soit pas produite", la milice chiite a instauré un infranchissable périmètre de sécurité autour d’Abbassyé. Elle était aidée par l’Armée régulière libanaise qui, dans la région, est commandée par des chiites obéissant aux ordres du Hezbollah.
Comme chaque fois qu’un objectif stratégique des irano-Hezbollahollani est touché au Sud-Liban, les experts de l’État de Beyrouth, les Forces de Sécurité intérieure et, bien sûr, les Casques bleus de la FINUL ne sont pas autorisés à enquêter sur les lieux. Ou alors ils le sont, mais après que les miliciens aient fait le ménage, s’assurant de la disparition de tous les indices de leurs activités.
Quant à l’avance que possède Israël dans ces domaines, on peut la cristalliser de la façon suivante : ses centrales de renseignement connaissent absolument tout de ce qui se déroule dans les pays qui la jouxtent. Ainsi, les Hébreux n’ignoraient rien de ce qui se pratiquait dans l’usine d’armes de la banlieue damascène, et ils savaient tout du convoi qu’ils ont intercepté ; ce qu’il transportait, d’où il venait, à qui il était destiné, comment il était protégé et par où il passerait.
Cela implique un vaste réseau mixte d’agents au sol et de moyens électroniques de surveillance des moyens de communication de l’ennemi.
Ils sont ainsi au courant de ce qu’entre cinquante et soixante-dix miliciens du Hezbollah libanais et des Gardiens de la révolution khomeyniste qui accompagnaient le convoi dans les montagnes syriennes ont perdu la vie lors son attaque par les F-16 frappés de l’étoile bleue.
C’est précisément cela qui a engendré la venue précipitée de Saëd Jalili à Damas. Jalili est, parmi les stratèges perses, celui qu’à Métula nous respectons le plus. Il est également le secrétaire du Conseil Suprême iranien de la Sécurité nationale, et le chef de la délégation de son pays aux négociations avec les Occidentaux, celui qui joue au yoyo avec Catherine Ashton, chaque fois qu’ils se rencontrent.