Tribune
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Publié le 18 Février 2013

Israël dans une situation paradoxale

 

Par Dore Gold

 

Les derniers évènements au Moyen-Orient n’augmentent pas les chances d’aboutir à un accord permanent avec les Palestiniens. Dans ce contexte, et face aux pressions exercées par l’Union européenne, Israël se trouve devant deux options : baisser les bras ou renforcer sa position. Ces dernières années, nombreuses sont les voix qui s’élèvent pour affirmer que les chances d’aboutir à un accord permanent avec les Palestiniens sont minimes. Il ne s’agit plus d’une position de certains observateurs en Israël, mais aussi de l’attitude de professionnels impliqués depuis longtemps dans le processus de paix.

 

Itamar Rabinowitz, ancien ambassadeur d’Israël à Washington et chef des négociations avec la Syrie, est de cet avis. Il a souligné publiquement dans une interview au quotidien Haaretz que de grandes divergences existent toujours et a mis en relief le désintérêt de l’Autorité palestinienne face aux « propositions audacieuses » des anciens Premiers ministres, Ehud Barak et Ehud Olmert.

 

Les dernières turbulences survenues depuis ont conduit, entre autres, à la chute de Moubarak, principal soutien de Mahmoud Abbas, et en même temps au renforcement de son adversaire, le Hamas. Étant donné la nouvelle réalité régionale, Rabinowitz a même mis en garde et affirme dans cette interview: « Je n’aurais sans doute pas entrepris des concessions territoriales audacieuses dans une situation d’incertitude. »

 

Pourtant, des chancelleries encouragent toujours à renouveler les négociations avec les Palestiniens pour parvenir à un règlement définitif dans un proche avenir. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a récemment rencontré à Washington le secrétaire d’État John Kerry et a appelé l’administration Obama « à stimuler ce sujet ».

 

En décembre dernier, le même Hague a admis qu’il avait consulté la France et l’Allemagne pour élaborer un plan afin d’exercer des pressions sur les États-Unis pour qu’ils relancent une nouvelle initiative. Une rumeur circulait et disait que l’Europe était fort intéressée que le nouveau Secrétaire d’État fixe des paramètres pour signer un accord définitif entre Israël et les Palestiniens, fondé sur un retrait d’Israël sur les lignes d’avant juin 1967.

 

Ainsi, Israël s’est trouvé dans une situation paradoxale, et pourtant tous savent et notamment les Palestiniens, que tout accord définitif est bien loin de se réaliser.

 

En outre, une question fondamentale s’impose quant à notre conduite face aux incertitudes au Moyen-Orient. Les Frères musulmans, principaux bénéficiaires du “Printemps arabe”, tentent d’exporter leur idéologie au Koweït, dans les Émirats arabes unis et surtout en Syrie.

 

Depuis 1948, l’État juif a assuré sa sécurité à l’aide d’une armée régulière, mais vu la supériorité numérique de ses voisins arabes, il dépend toujours de la mobilisation de ses réservistes. Comment donc pouvoir contrer les menaces en se retirant de territoires considérés comme existentiels ? Pourrions-nous imaginer un retrait israélien de la vallée du Jourdain ? Cela serait quasiment irresponsable !

 

Soulignons que les pays arabes entament déjà la restauration de leurs capacités militaires conventionnelles. L’Égypte n’a pas hésité à demander aux États-Unis une nouvelle livraison de 200 chars Abrams afin de renforcer ses forces blindées. D’autres pays suivront. Mais même à court terme, la menace de la part des organisations terroristes, fonctionnant telles que des armées régulières, est omniprésente. Robert Gates, ancien secrétaire américain à la Défense, a souligné que le Hezbollah possède plus de missiles et de roquettes que la majorité des États de la planète. La possibilité d’acquérir des armes de destruction massive demeure également une préoccupation majeure devant la crise syrienne et la multiplication des réseaux terroristes dans la péninsule du Sinaï.

 

Compte tenu de la réalité politique à laquelle fait face Israël, il existe donc deux options : soit se résigner et accepter les concessions que l’Europe exige et l’administration Obama souhaite imposer. Une option qui mettrait notre population en danger mortel et qu’aucun gouvernement responsable n’accepterait. Ou bien dire: nous sommes toujours prêts à prendre des initiatives de paix avec les Palestiniens, tant que cela ne portera pas atteinte à nos revendications sécuritaires. Israël et les Palestiniens devraient aspirer à conclure des accords là où cela est possible et laisser les questions plus complexes à plus tard.

 

Dans ce nouveau contexte, l’Europe pourra aussi jouer un rôle positif en encourageant les Palestiniens à parvenir à des accords plus réalistes. Rappelons que toutes les pressions précédentes exercées sur Israël n’ont pas conduit à ce jour à un véritable accord de paix. Un nouvel échec ne fera qu’accroître l’instabilité dans la région et éloignera plus encore toute chance de règlement avec les Arabes.