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Développons.
En effet, l’Internet est devenu non seulement la principale source d’information religieuse, mais aussi le principal pourvoyeur de radicalité. Internet est aujourd’hui le véhicule par excellence des idées salafistes, que ce soient celles des Frères musulmans ou celles des wahhabites et même celles des djihadistes.
Pourquoi ?
Comme l’a bien montré la démographe Michèle Tribalat (1), les divers sites Internet francophones ou non fréquentés par de jeunes Français musulmans offrent un matériau intéressant pour comprendre la problématique. En premier lieu, nombre d’écrits sur les sites islamiques développent des discours anti-occidentaux qui trouvent leur justification, sous une forme ou sous une autre, dans les textes sacrés. On s’étend longuement sur la corruption de la parole divine (le Coran) par les juifs et les chrétiens, qui prêchent par anthropomorphisme, associationnisme et idolâtrie. Ensuite, l’Occident impie est élevé au rang d’ennemi absolu. Puis les diatribes anti-américaines et antisionistes viennent clore le tout. Elles sont si virulentes qu’elles ne doivent pas manquer d’échauffer les esprits de certains jeunes déjà perturbés, en quête d’identité et confrontés au dilemme de vivre dans un choc de cultures. Il faut d’ailleurs reconnaître que, sur ces sites, qu’ils soient en langue arabe, anglaise ou française, le musulman est présenté comme une victime : les Américains, les Russes, les Juifs, les chrétiens ou les Indiens recourraient à tous les moyens pour détruire la communauté musulmane (l’oumma). Aussi, de fil en aiguille et à force de prétendre que l’islam serait assiégé et qu’une guerre totale serait engagée contre les musulmans, les fondamentalistes encouragent le djihad.
Le juge Jean-Louis Bruguière a donc raison et son analyse est donc particulièrement juste. Il convient donc de lutter contre TOUTES ces dérives. Cependant, on ne pourra rien faire sans la coopération des grands acteurs privés de l’informatique. Là encore, le juge voit juste lorsqu’il conjure des sociétés comme Google, Facebook et Twitter à mieux collaborer avec les États, notamment au niveau de la traçabilité et du contrôle d’accès sur le Net. La lutte contre le terrorisme virtuel implique une grande synergie, une collaboration internationale et pas seulement une vision mercantile des choses.
1. Michèle Tribalat, « Sortir des amalgames », Le Figaro, 21 septembre 2001