Tribune
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Publié le 21 Février 2014

Jean Zay ou le destin brisé du Front populaire

Tribune de Olivier Loubes, Historien et professeur, publiée dans le Huffington Post le 20 février 2014

 

Ministre de l'Éducation nationale, il fut le Jules Ferry du Front populaire. Avec un objectif: la démocratisation de l'enseignement secondaire. Bien oublié, Jean Zay reste le vrai initiateur du CNRS et du Festival de Cannes. Objet de haine pour les antisémites, il fut assassiné par les miliciens en 1944.

Jean Zay: le nom de cet homme de gauche, Ministre de Léon Blum, reste attaché à un destin tragique. Condamné en 1940 par le régime de Vichy, il est le Dreyfus du Front populaire. Il en fut aussi le Jules Ferry. Car Jean Zay est d'abord, de 1936 à la guerre, pendant quarante mois, un Ministre visionnaire de l'Éducation nationale -à la tête d'un vaste ministère auquel étaient rattaché les beaux-arts, la recherche et, dans un second temps, la jeunesse et les sports. Nombre des traits fondateurs que l'on attribue à "l'école de Ferry", comme l'égalité sociale ou la diffusion de la culture, remontent en fait aux années 1930. Jean Zay a contribué à faire de la culture pour tous un objectif majeur du régime.

 

Le parcours de Jean Zay est placé sous le signe de la précocité : député radical du Loiret en 1932 à 27 ans, Ministre de l'Éducation nationale du Front populaire à 31 ans, emprisonné par Vichy à 36 ans, assassiné par des miliciens un mois avant ses 40 ans. Il a tout pour devenir un martyr républicain exemplaire au lendemain du second conflit mondial… Lire la suite.