Tribune
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Publié le 28 Mars 2013

L’antisémitisme et l’antisionisme autrichien

 

Manfred Gerstenfeld interviewe Anton Pelinka.

 

Le Dr Manfred Gerstenfeld est membre du Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem, qu’il a présidé pendant 12 ans. Il a publié 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme. Le Professeur Anton Pelinka est un chercheur en sciences politiques de premier plan, réputé sur le plan international. Il est Professeur d’études sur le Nationalisme et en Sciences Politiques, à l’Université d’Europe Centrale de Budapest.

 

« En Autriche, l’Antisémitisme s’exprime à travers des préjugés traditionnels et se dissimule, également, derrière l’antisionisme. On observe encore la tendance à identifier les Juifs à l’exploitation et au capitalisme purement spéculatif, parmi certains secteurs de la société autrichienne – particulièrement chez les personnes plus âgées et moins cultivées. En même temps, de façon perverse, les Juifs sont souvent identifiés comme responsables de toutes les sortes de communisme. Il n’y a, cependant, eu aucun rapport sur des violences antisémites dans le pays, depuis un certain nombre d’années

 

La Communauté juive est petite, en Autriche. Elle se chiffre à seulement 10. 000 membres, dont environ 9000 résidents à Vienne. Les Juifs ne représentent ainsi guère plus d’un pour mille habitant de la population totale de l’Autriche, qui est de 8, 5 millions.

 

Les auteurs d’actes antisémites proviennent de différents milieux. Plusieurs viennent d’organisations d’Extrême-Droite, certains sont liés au Parti de la Liberté de la Droite dure. L’un des aspects de leur antisémitisme correspond au révisionnisme historique, qui va de la négation de la responsabilité allemande dans la Seconde Guerre mondiale à sa forme la plus extrême : la négation de la Shoah.

 

Un deuxième secteur d'expression de l’antisémitisme, quoique restant plutôt minoritaire, correspond aux catholiques les plus conservateurs. Ils revivifient les vieux stéréotypes chrétiens éculés, y compris celui qui dit que « Les Juifs sont les meurtriers du Christ ». On trouve, parmi eux, la « Pius Brudershaft » (Les Frères de Pius). Un troisième groupe correspond aux « Antisionistes » d’extrême-gauche et aux militants anti-globalisation.

 

La Ligue de l’Amitié austro-arabe” est un lobby ouvertement anti-israélien. Elle dispose de plusieurs entrées au sein du Parti Social-Démocrate. Cette organisation est constituée essentiellement de gauchistes autrichiens qui prétendent poursuivre la politique antisioniste de l’ancien Chancelier juif décédé, Bruno Kreisky. Elle semble bien avoir perdu de son influence, au détour des soulèvements dans les pays arabes, continuels depuis 2011.

 

L’actuel gouvernement en Autriche – une coalition entre les Sociaux-Démocrates et le Parti conservateur du Peuple autrichien – fait habituellement attention à ne pas prendre parti, lorsqu’il est question du conflit israélo-arabe. Pourtant, en 2012, lorsque l’UNESCO devait décider si les Palestiniens pouvaient en devenir membres, l’Autriche s’est prononcée en faveur de cette résolution. L’Autriche a aussi voté en faveur du statut « d’Etat non membre observateur » de la Palestine à l’Assemblée générale de l’ONU.

 

Certains hommes politiques autrichiens sont des habitués des déclarations hostiles à Israël. Le cas le plus extrême de « deux poids-deux mesures », qui a toujours fait partie des traits caractéristiques de l’antisémitisme, s’est exprimé au cours du printemps 2010. A cette époque, la totalité du Conseil Municipal de Vienne – composé de Sociaux-Démocrates, du Parti de la Liberté, du Parti du Peuple autrichien et des Verts – a violemment critiqué l’attaque d‘Israël sur le Mavi Marmara, le navire turc de la Flottille sur Gaza. Cela dit, on constate que le Conseil n’a jamais condamné la Syrie…

 

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