Tribune
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Publié le 4 Février 2014

L’antisionisme, vitrine légale de l’antisémitisme

Tribune de  Bertrand Ramas-Muhlbach publiée sur JForum le 3 février 2014

 

Le système juridique français (voire international, dans les pays démocratiques) punit sévèrement les incitations publiques à la haine raciale ou à la commission d’acte de violence sur des personnes, en considération de leur origine, ou de leur appartenance à une race, à une nation, à une religion.

La communauté juive bénéficie naturellement de ces dispositions protectrices avec la loi du 29 juillet 1881 sur la presse (adaptée en fonction des supports nouveaux de communication). Le texte sanctionne les personnes qui diffusent des messages qui provoquent des crimes et des délits (notamment) sur les personnes juives, comme les auteurs des violences eux-mêmes (article 23), c’est-à-dire ceux qui provoquent des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique, incitent à la haine, aux violences ou aux discriminations (article 24), mais aussi ceux qui contestent l’existence des crimes contre l’humanité (article 24 bis). Cette même loi punit également les discriminations (article 32), ou encore les injures à leur endroit (article 33).

 

Sont également sanctionnés les ports d’uniforme, d’insignes ou d’emblèmes ayant été portés par les membres d’une organisation criminelle tels les nazis (article R 645-1 du Code pénal), et les diffamations non publiques (R 624-3 du Code pénal) ou les injures non publiques de ces personnes (R 624-4 du Code pénal), les discriminations (Article 225-1 du Code pénal) et les provocations non publiques à la discrimination, à la haine, ou à la violence raciale (R 625-7 Code pénal).

 

La haine viscérale, dont certains sont animés à l’égard des membres de la communauté juive, ne peut plus s’exprimer aussi facilement. Aussi, les antisémites se sont-ils adaptés et sont devenus extrêmement vigilants lorsqu’ils incitent au dénigrement, à la haine et qu’ils suggèrent de façon insidieuse la commission d’actes de violence sur les juifs, puisque le simple fait de mentionner le terme « juif » aux côtés d’un propos négatif ou dépréciatif, est susceptible de tomber sous le coup du des textes répressifs. Une parade toute simple a été trouvée : les antisémites ont substitué au mot « juif », celui de « sioniste ». En effet, le sionisme, est rattaché à un courant de pensée politique ce qui permet aux antisémites, non d’être opposé aux juifs, mais d’exprimer une position dans le cadre de la liberté d’expression. Grâce à ce stratagème, l’antisionisme prend position contre un courant de pensée politique, « le sionisme », et donc participe de l’expression démocratique. Autrement dit, l’antisioniste devient une opinion politique dans le cadre du pluralisme politique.

 

Or, comme le sionisme est associé au principe, pour les juifs, de venir s’établir en Israël dans le cadre d’un vaste mouvement international, il est présenté comme une volonté coloniale de capter une terre qui ne leur appartiendrait pas. Aussi, l’antisionisme devient-il un courant de pensée portant des valeurs de progrès, d’ouverture, et de liberté comme le serait l’anticommunisme ou l’antifascisme.

 

Grâce à cette substitution habile, les « juifs » deviennent globalement des « sionistes » et l’animosité à l’endroit des juifs s’opère par l’imputation des griefs traditionnellement réservés aux juifs, uniquement grâce à l’emploi de ce vocable adapté. Les standards antisémites classiques sont alors transférés aux sionistes : « les sionistes dominent le monde », « les sionistes sont infiltrés dans toutes les sphères du pouvoir politique », « les sionistes sont à la tête du gouvernement français et manipulent les États-Unis d’Amérique »… Lire la suite.

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