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Dimanche 24 février 2013, des échanges de coups de feu et de tirs d’obus auraient ainsi tué 3 personnes au Liban. Au pays du Cèdre, le mouvement du Futur, affilié aux sunnites, s’est plaint de ces attaques en provenance du régime syrien et a appelé l’armée libanaise à son secours. Le président Michel Suleiman a également demandé à la Syrie de cesser immédiatement les tirs vers son pays. Mais une implication de l’armée libanaise dans le conflit demeure cependant très improbable, car le Hezbollah et ses alliés dominent le gouvernement à Beyrouth et une telle décision pourrait déclencher une guerre civile.
Dans le même temps, la semaine dernière, l’Armée libre de Syrie a menacé d’attaquer le Hezbollah au Liban après avoir donné 48 heures au mouvement pour cesser de tirer sur ses positions dans la province de Homs. Ces attaques et représailles entre le Hezbollah et l’opposition syrienne pourraient facilement mener à un conflit de plus large envergure, si le mouvement chiite décidait d’élargir son intervention.
Une escalade redoutée par les puissances occidentales qui cherchent désormais à capturer ou détruire les armes chimiques du régime syrien. Leurs inquiétudes se sont vues confirmées par un rapport indiquant que les rebelles ont pris possession du site où se trouvait le réacteur al-Kibar, bombardé par Israël en 2007.
Vers une guerre ethnique ?
C’est le Front al-Nusra qui mène les opérations de l’opposition sur le terrain. Selon Salman Shaikh, expert en géopolitique du Proche-Orient, « le Front al-Nusra pourrait fort bien contrôler de facto les 3 provinces dans un avenir proche ».
Et d’expliquer : « Ils opèrent intelligemment : ils passent des accords avec les chefs de clans, fournissent une partie de l’aide nécessaire et obtiennent des revenus en contrôlant une partie des champs de pétrole ». Des avancées qui inquiètent l’axe Iran-Hezbollah. « Le Hezbollah se bat à l’intérieur des frontières syriennes sur ordre de l’Iran », a indiqué le leader druze libanais et membre du parlement Walid Joumblatt à la chaîne al-Djazira.
Les circonstances sont donc réunies pour un conflit ethnique de plus large envergure en Syrie, soutenu par différents partis extérieurs. Le Liban est divisé ; l’Irak est contrôlé par un gouvernement chiite favorable à l’Iran ; la Jordanie et la Turquie sont a priori du côté de leurs frères sunnites de l’opposition syrienne. Opposition qui bénéficie également des fonds des pays du Golfe et de l’Occident.
Joël Parkel, doctorant à l’université de Tel-Aviv, rappelle que, selon une information de Reuters, les troupes du président Bashar el-Assad ont affiché des banderoles aux portes de Damas la semaine dernière sur lesquelles on pouvait lire : « Si Assad ne gagne pas, nous ravagerons le pays ». De plus, note-il, le régime a augmenté le nombre de check-points autour de la capitale, alors que la population ne lui fait plus confiance pour maintenir la sécurité. « Cela montre que, même avec l’aide du Hezbollah et de l’Iran, le régime n’est plus capable d’empêcher les massacres de la pire espèce à Damas. En d’autres termes, tous les pro-Assad sont largement discrédités car ils sont incapables de protéger les civils syriens ».
L’Iran et le Hezbollah tablent sûrement sur l’absence d’interférence occidentale et israélienne en cas d’une plus large implication du mouvement libanais contre l’opposition syrienne, tant que le conflit demeure dans les frontières libanaises et syriennes. Néanmoins, une telle initiative enflammerait les régimes sunnites et ruinerait les efforts de Téhéran pour rester en bons termes avec les nouveaux gouvernements sunnito-islamistes de la région. C’est pourquoi il semble plus probable que l’implication du Hezbollah demeure clandestine pour le moment et ne s’intensifie que lorsque la fin d’Assad sera certaine.