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Le Mouvement Islamique du Sheikh Raed Salakh est particulièrement actif dans l’encouragement et le soutien à la construction de nouveaux points de peuplement arabes, notamment pour les Bédouins du Néguev.
Dans le sud d’Israël, le problème de l’expansion bédouine dure depuis des décennies, même s’il se radicalise depuis une dizaine d’années. Au point que certaines associations israéliennes qui surveillent le terrain affirment que les Bédouins se sont emparés sans autorisation de plus de 80000 hectares de terres de l’État. Le maire de la petite localité d’Omer, près de Beersheva, qui est régulièrement confrontée aux intimidations de ses voisins arabes, affirme que les Bédouins cherchent à changer la réalité sur le terrain. « Ce qu’ils veulent c’est établir une région autonome dans le Néguev, qui se rattachera au sud de la Cisjordanie et prolongera le futur État palestinien » estime Pini Badash. Le danger a été admis par Benjamin Netanyahu, qui avait même évoqué il y a quelques années un risque réel de balkanisation du Néguev.
En Galilée, le phénomène est différent. Pas de nouveaux points de peuplement comme dans le sud, mais les constructions illégales se doublent aussi de vols de terres, et d’autres formes de criminalité. Des kibboutz de la région de Rosh Pina ont dû abandonner plusieurs centaines d’hectares, sous la menace de bandes venues de villages arabes voisins, qui les empêchent de cultiver leurs terres, volent du matériel agricole, quand elles ne se livrent pas au racket, comme dans la région de Nazareth.
À Jérusalem, l’évaluation moyenne situe à environ un millier le nombre des constructions illégales qui sortent de terre chaque année. En 2010, on estimait entre 20000 et 30000 le nombre de bâtiments construits sans permis dans les limites municipales de la capitale israélienne. Pourquoi une fourchette aussi large ? Parce que nombre de ces constructions sont édifiées à l’extérieur de la barrière de sécurité, le mur de béton érigé pour protéger la population contre les attaques terroristes, et dont une partie coupe en deux plusieurs quartiers arabes de la ville. Et depuis 2005, il n’y a plus eu de visite de contrôle des inspecteurs municipaux chargés de faire respecter l’urbanisation. « C’est devenu trop dangereux. Il y a des quartiers où l’on ne peut plus entrer sans protection » explique-t-on à la Mairie de Jérusalem.
La carence des autorités est d’ailleurs un problème national. Principalement à cause du manque d’effectifs, l’administration foncière n’a pas les moyens de faire son travail. Moins de 0,5% des constructions illégales font l’objet d’une poursuite par les tribunaux et sur ce nombre, seule une minorité est suivie d’une ordonnance de démolition. De plus, chaque intervention de bulldozers doit être encadrée par une véritable opération de police. À Jérusalem, la municipalité a démoli en 2011 58 constructions illégales dans les quartiers juifs, contre 23 dans les quartiers arabes. Alors pour endiguer l’épidémie de construction pirate, les autorités essaient aussi de légaliser ce qui existe déjà. L’an dernier, le gouvernement a approuvé le rapport Prawer, qui préconisait d’avaliser la construction de plusieurs points de peuplement dans le Néguev, en échange d’un abandon par les Bédouins de leurs revendications de propriété sur des terres saisies par l’État.
Mais le plan a été désavoué par l’aile droite de la coalition, qui l’a estimé irréaliste et rejeté par les représentants des Bédouins, qui l’ont qualifiée de « déclaration de guerre ». À Jérusalem, le maire a ordonné en 2011 la construction de plus de 14.000 logements dans les quartiers arabes de la capitale, sans pour autant réussir à infléchir la courbe de la construction illégale. Un défi qui, même au niveau national, reste jusqu’à présent sans réponse.
Résidents arabes dans les quartiers juifs
«La loi israélienne ne fait pas de discrimination entre Juifs, Arabes ou Chrétiens, ni entre quartiers juifs ou arabes », affirme Nir Barkat, le maire de la capitale israélienne. Si aujourd’hui les quartiers ouest de Jérusalem restent en quasi-totalité à population juive, certains quartiers construits après 1967 dans les zones annexées commencent à voir l’arrivée de résidents arabes. Dans le quartier de Guivat Tsarfatit, proche de l’Université hébraïque du Mt Scopus, un sixième des habitants est arabe. Certains viennent de quartiers arabes de la capitale, d’autres sont des Arabes israéliens de Galilée venus étudier sur le campus.
D’autres quartiers périphériques comme Pisgat Zeev ou Neveh Yaakov ont également commencé à accueillir des familles arabes. Si les pourcentages restent encore très marginaux (environ 1,3% à Pisgat Zeev et 3% à Neveh Yaakov), le phénomène est pourtant en croissance constante et commence à créer des tensions dans les quartiers concernés.
À l’origine de ces mouvements de population, la situation dans les quartiers arabes de la capitale, où les infrastructures et les équipements sont souvent bien moins développés que dans les quartiers juifs, notamment parce que les Arabes, qui ne votent pratiquement pas aux élections municipales pour ne pas reconnaître la souveraineté israélienne sur Jérusalem, n’ont pas de représentant au conseil de la mairie. L’autre facteur est la construction de la barrière de sécurité, qui a laissé plusieurs villages arabes à l’extérieur, coupant l’accès des habitants aux écoles, aux services publics ou à leur lieu de travail. Ce qui a décidé une partie de cette population à migrer vers les quartiers juifs, car les autres quartiers arabes n’avaient pas non plus assez de logements à leur offrir.