Tribune
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Publié le 11 Décembre 2012

La diplomatie israélienne face à une réalité unilatérale, par Dore Gold

 

Par Dore Gold

 

Jusqu’à ce jour, l’État d’Israël a focalisé sa politique sur la nécessité de faire avancer les négociations de paix avec les Palestiniens, et de ce fait, Jérusalem a fait de nombreuses concessions. Aujourd’hui, à la lumière de la résolution en faveur des Palestiniens adoptée à l’ONU, l’État juif devrait résister à ne pas renoncer à ses revendications légitimes pour assurer sa sécurité.

 

La direction palestinienne avait répandu au cours des derniers mois une rumeur selon laquelle Mahmoud Abbas reprendrait le chemin de la négociation juste après le vote de l’ONU. Certains observateurs avaient même écrit qu’il renoncerait aux conditions préalables qu’il avait imposées en 2009, à savoir: le gel de la construction dans les implantations et notamment dans les quartiers juifs de Jérusalem. Ainsi, les Palestiniens ont présenté leur initiative aux Nations-Unies comme un tremplin positif et constructif vers la bonne voie.

 

Le 12 novembre dernier, suite à une rencontre avec les ministres des Affaires étrangères de la ligue arabe, Mahmoud Abbas déclare : « nous sommes prêts à reprendre les pourparlers ». Selon le correspondant de l’agence Reuters au Caire, à la veille du vote à l’Assemblée générale, il avait promis de revenir sans délai à la table des négociations.

 

En fait, Mahmoud Abbas n’a pas voulu reprendre le processus de paix sachant parfaitement que durant cette dernière décennie il n’a pas réussi à arriver à un accord avec Israël.

 

Déjà en 2009, il avait révélé au « Washington Post » que même la généreuse proposition finale de l’ancien Premier ministre Ehoud Olmert ne pouvait aplanir les divergences pour pouvoir parvenir à un accord de paix. Abbas sait aussi que de véritables négociations avec Israël exigeraient en revanche des concessions palestiniennes. Cependant et depuis 2006, le Hamas est devenu une force montante dans la vie politique palestinienne. Il s’est renforcé après la chute du président Hosni Moubarak au détriment du Fatah et de l’Autorité de Mahmoud Abbas.

 

En observant la conduite des Israéliens et des Palestiniens nous constatons que chaque partie agit sur un plan diplomatique différent. Les Israéliens représentant divers partis politiques se sont préoccupés par la réussite des négociations. Ils ont essayé de comprendre ce qui est nécessaire pour les Palestiniens pour parvenir à un accord et souvent ils ont proposé des concessions préalables.

 

Ainsi, lorsque les Palestiniens ont exigé un retrait total de la Cisjordanie vers les lignes d’avant juin 1967, des hommes politiques israéliens ont suggéré d’offrir aux Palestiniens un territoire de la même dimension, sans aucun rapport avec le tracé final de la frontière. Cette flexibilité était destinée à prouver un acte de bonne volonté et présentait l’État d’Israël aux yeux de la communauté internationale comme capable de faire des concessions majeures.

 

Malgré tout, Mahmoud Abbas a adopté une approche unilatérale, et déjà en janvier 2009, lorsqu’Ehoud Olmert était toujours au pouvoir, le ministre palestinien de la Justice s’est directement adressé à la Cour pénale internationale demandant de définir l’Autorité palestinienne comme État. Nul ne le doute qu’il visait déjà l’ONU.

 

Ainsi, Mahmoud Abbas exige depuis des conditions préalables sachant que les Israéliens les rejetteront par avance. Il est conscient que l’approche unilatérale servira d’outil à long terme pour sensibiliser les chancelleries et en particulier les Occidentaux.

 

C’est bien pour cette raison-là qu’il na jamais abandonné l’option onusienne et a transformé l’Assemblée générale en tribune pour pouvoir adopter des résolutions hostiles à Israël.

 

En fait, Mahmoud Abbas combine divers éléments pour délégitimer l’État d’Israël et le lien historique indéfectible du peuple juif à Jérusalem et à sa terre trois fois millénaire. Un ouvrage officiel publié récemment par l’Autorité palestinienne met en relief le terme « colonialisme » lorsqu’on se réfère à Israël, et cela afin de déterminer le sionisme comme un mouvement « raciste » et non un projet d’autodétermination et indépendance du peuple juif.

 

Dans ce contexte, Israël devrait « changer de disquette », car la tactique antérieure qui était peut-être bonne pour une période déterminée lors des négociations ne peut correspondre aux intérêts israéliens dans un scénario d’unilatéralité.

 

Israël ne sera pas non plus en mesure de mener une campagne internationale contre un retour aux lignes d’avant juin 1967 sans qu’il n’explique pas les dangers qui pourraient s’abattre sur lui.

 

En conclusion, Israël aura du mal à obtenir un consensus au sein de la communauté internationale sur la nouvelle construction autour des blocs d’implantations, s’il n’explique pas clairement et systématiquement qu’il existe en Cisjordanie certaines zones auxquelles l’État juif ne pourra jamais renoncer!